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19/12/2008

BXVI rétropédalage selon Golias

De GOLIAS 18 décembre 2008
Eglise/Franc-maçonnerie : le retour des vieux démons.

Alors que les relations entre l’Eglise catholique et la franc-maçonnerie se déroulaient de manière apaisée depuis plusieurs années, voilà qu’un important responsable de la Curie romaine relance la stigmatisation de l’Eglise catholique contre les « frères de lumière ».

Une nouvelle étape dans la lutte du Pape Ratzinger contre le relativisme.

Les propos récents de Mgr Gianfranco Girotti, secrétaire de la Pénitencerie Apostolique, organisme de la Curie romaine ravive de vieilles polémiques et sans doute parfois d’anciennes inquiétudes.

En effet, le prélat du Vatican a rappelé la position déjà exprimée en 1983 par le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, concernant la franc-maçonnerie : « l’Eglise catholique a toujours critiqué la conception mystique propre à la franc-maçonnerie, la déclarant incompatible avec sa propre doctrine ». Il a dénoncé en particulier le « naturalisme rationaliste qui inspire ses projets et ses activités contre l’Eglise ».

Il met également en garde contre « le climat de secret qui la caractérise ». Selon Mgr Girotti, un franciscain très conservateur qui a travaillé avec le cardinal Ratzinger au Saint Office, ceux qui appartiennent à la franc-maçonnerie « ’prennent le risque de devenir instrument de stratégies qu’ils ignorent ».

En tout cas, selon ce prélat de Curie, non seulement l’adhésion à un loge maçonnique demeure interdite par l’Eglise, mais en plus ceux qui y contreviennent sont en état de péché grave et ne peuvent avoir accès à l’eucharistie.

Cette intransigeance ne présente rien de nouveau. Certes, dans les années soixante dix, de nombreux prélats étaient intervenus pour infléchir la position traditionnelle, soit par des interventions publiques soit à des niveaux plus discrets. Citons en particulier les cardinaux Koenig et Seper. Lors de la rédaction du Code de droit canonique de 1983, un certain nombre d’hommes d’Eglise sont intervenus pour que ne soit pas reconduite l’ancienne peine d’excommunication. En particulier, les cardinaux Casaroli (Secrétaire d’Etat) et Castillo Lara, ou l’alors Mgr Vincenzo Fagiolo. D’un avis différent, le cardinal Ratzinger crut bon quelques mois après de faire paraître un texte rappelant que même si les francs-maçons n’étaient pas excommuniés, pour autant ils étaient en état de péché grave.

A la base, il en va tout autrement : de nombreux croyants catholiques romains fréquentent les loges ; y compris des prêtres et quelques évêques. Dans le passé, plusieurs prélats comme Daniel Pézeril, évêque auxiliaire de Paris, Jean-Charles Thomas, évêque de Versailles ou André Collini, archevêque de Toulouse ou le Père Michel Riquet, jésuite ont entamé un dialogue positif et promu des échanges féconds et amicaux. Dans un livre consacré au sujet par le théologien et historien Jérôme Rousse-Lacordaire, dominicain, Mgr Joseph Doré, archevêque de Strasbourg, sulpicien et lui-même théologien de renom a tenu des propos ouverts et encourageants.

1. UNE HISTOIRE COMPLEXE

Depuis 1738 ( premier texte de condamnation de la part d’un Pape, Clément XII ), les rapports entre l’Eglise et la franc-maçonnerie sont souvent tendus. Pourtant, les raisons véritables du premier conflit n’avait rien de doctrinal, mais de dynastique et de politique : d’obscurs conflits de succession chez les Stuart. On note d’ailleurs en général au XVIIIe siècle le grand flou de l’énoncé des motifs de condamnations.

En 1873 encore, la bulle de Pie IX « etsi multa », condamne moins la maçonnerie elle-même (pour des raisons philosophiques) que des influences politiques qu’elle entend pourfendre (avec l’arrière-pensée selon laquelle il y a un lien de cause à effet entre les actions souterraines de ces courants et les déboires d’un Pape qui a perdu ses Etats Pontificaux).

Le texte le plus dur date de 1884, il s’agit de l’encyclique « Humanum genus » du Pape Léon XIII, par ailleurs homme de culture et intellectuel moins fermé aux questions nouvelles que son prédécesseur (on lui doit justement en 1891 l’encyclique « Rerum novarum » sur les questions sociales).

En fait, là encore, il s’agit plutôt de circonstance lié au contexte spécifique de l’Italie du temps marquée par le combat anticlérical contre la Papauté et le catholicisme. Au fond, la position du Pontife Romain n’a rien d’une sorte de condamnation absolue de la maçonnerie : il s’agit davantage de dénoncer l’anticléricalisme dont firent preuve de fait les loges maçonniques.

D’où au début des années 1970, cette position de trois cardinaux, Joseph Krol, Franz Koenig et Franjo Seper selon laquelle le noyau véritable de l’enseignement du Magistère catholique sur la question n’était pas une condamnation définitive de la maçonnerie et de ses lumières philosophiques, sapientielles et morale mais uniquement de l’orientation anticatholique parfois adoptée. Autrement dit, un catholique peut être maçon s’il ne fait sien l’anticatholicisme.

Le fait que le canon d’excommunication rédigé en 1915 par Benoît XV contre la franc-maçonnerie mentionne les sociétés qui « complotent contre l’Eglise » n’est pas anodin. Je me permets d’ajouter que tel fut l’argument de Mgr Vincenzo Fagiolo, canoniste romain, pour supprimer de l’actuel code de droit canonique l’excommunication en raison de l’appartenance à la maçonnerie.

2. CONSIDERATIONS « THEOLOGIQUES »

Avec un peu d’humour et de sens du relatif, je me permets d’attirer l’attention sur le sens très relatif de la loi dans la mentalité romaine. La référence est répétée, éventuellement avec solennité ou théâtralité d’autant plus qu’elle appelle des exceptions, des accommodements et des contournements.

Nous sommes quant à nous influencés au contraire par un sens de la norme intériorisée. Un exemple : la conduite automobile est différente à Berlin et à Rome ou Naples. Cette considération permet d’emblée de ne pas dramatiser ou prendre forcément au pied de la lettre une prise de position même abrupte.

Plus sérieusement, la tradition chrétienne la plus authentique, y compris catholique, reconnaît un primat de la conscience. A commencer par Saint Thomas d’Aquin, Docteur commun de l’Eglise catholique.

Au XIXe siècle, le cardinal John Henry Newman – dont le procès en béatification est actuellement en cours à Rome – a dit un jour : « je bois à ma conscience et au Pape ensuite ».

Toutes les décisions des officines vaticanes n’ont pas portée d’infaillibilité. La définition de l’infaillibilité de l’Eglise, qui fonde une éventuelle infaillibilité pontificale (discutée par des théologiens comme Hans Küng) ne vaut que pour les éléments essentiels de la foi et en certaines circonstances.

Au quatorzième siècle, le Concile de Vienne a condamné officiellement le prêt à intérêt comme étant toujours un péché mortel. L’Eglise est revenue sur cette position (cf. les banques vaticanes).

Au fil des siècles, les institutions vaticanes ont condamné Galilée, réhabilité par Jean Paul II qui a fait repentance (et déjà en partie par Benoît XIV deux siècles et demi auparavant).

Un croyant éclairé n’a pas peur quelquefois d’être en porte-à-faux avec l’opinion d’un temps des hommes d’Eglise (Jacques Maritain distinguait l’Eglise et son personnel).

Il vaut mieux obéir à Dieu (et la conscience est la première voix de Dieu en nous) qu’aux hommes.

Merci à GOLIAS pour cet édito positif.

Voir aussi les commentaires apportés à cet édito.

http://www.golias.fr/spip.php?article1330#forum4463

12/02/2006

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