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31/01/2015

ET DIEU A RI...

Le Talmud raconte un célèbre débat entre des grands sages à la maison d’étude. Ils débattent comme ils savent si bien le faire. Le ton monte et chacun défend avec passion et virulence son point de vue. Imaginez l’ambiance d’une conférence de rédaction à Charlie Hebdo , transposée au monde de la Yeshiva.

Rabbi Eliezer dit alors : « J’ai raison, j’ai forcément raison. Pour le prouver, dit-il, que cet arbre soit immédiatement arraché ! » Dans la seconde, l’arbre est déraciné et planté 100 mètres plus loin. Réaction des autres rabbins : ils haussent les épaules : « Et alors ? Cela ne prouve rien ! »

Alors, Rabbi Eliezer poursuit sa démonstration : « Si j’ai raison que les murs de la maison d’étude s’effondrent sur nous ». Immédiatement, les parois de la Yeshiva commencent à s’affaisser. Les autres sages se tournent vers les murs et leur disent : « De quoi je me mêle ? Ceci est un débat entre les sages, ne bougez pas et restez en place ! » Les murs s’immobilisent. À bout d’arguments, rabbi Eliezer en appelle à Dieu lui-même et dit : « Si j’ai raison qu’une voix céleste le confirme ». Immédiatement, une voix céleste annonce : « Rabbi Eliezer a raison ». Silence à la maison d’étude. Alors, se lève un homme, Rabbi Yoshoua et il dit à Dieu : « cette discussion ne te regarde pas ! Tu nous as confié une loi, une responsabilité, maintenant elle est entre nos mains. Tiens-toi loin de nos débats. »

Voilà comment les rabbins du Talmud parlent à Dieu, avec une certaine insolence, en lui disant : « N’interviens pas dans les débats des hommes, car la responsabilité que tu nous as confiée est entre nos mains. »

Cet épisode s’achève de façon plus étrange encore, par la réaction de Dieu. En entendant cela, affirme le Talmud, Dieu se met à rire et il dit avec tendresse : « Mes enfants m’ont vaincu ! ».

Pourquoi vous raconter cette histoire ?

C’est l’histoire d’un divin qui rit et se réjouit d’une humanité impertinente, d’une humanité qui dit avec humour à son dieu  « Prière de ne pas déranger – nous sommes aux commandes ».

C’est l’histoire d’un dieu qui rit et se tient à distance, d’un dieu qui se réjouit qu’on lui dise : le monde est « athée », au sens littéral du terme, c’est à dire que Dieu s’en est retiré pour que les hommes agissent en êtres responsables. Ce dieu-là n’est pas le dieu des Juifs mais le dieu de tous ceux qui, croyant en lui ou n’y croyant pas, considèrent que la responsabilité est entre les mains des hommes, et tout particulièrement de ceux qui interprètent ses textes. Bref, un dieu de liberté.

Par Madame le Rabbin Delphine Horvilleur, directrice de la rédaction de "Tenou’a", lors des obsèques d'Elsa Cayat chroniqueuse de Charle Hebdo.

Merci Madame. Puissent tous les croyants du monde vous lire.

 

10/01/2015

Etre ou ne pas être Charlie???

Je ne suis pas Charlie... jamais acheté un exemplaire ni lu une ligne et si j’ai regardé par hasard un dessin qui a pu me faire sourire c’était le plus souvent pour me détourner de la laideur du trait et de son expression souvent vulgaire. Parce qu’aussi je ne partage en rien l’idéologie de ce canard.

Je suis aussi Charlie... parce qu’au travers du crime, de l’assassinat de 12 personnes et plus ce sont les libertés fondamentales qui sont attaquées, la Liberté, l’Egalité, la Fraternité qui se déclinent dans la liberté de la presse, d’opinion, de religion, de conscience... C’est en cela que cet acte ne se différencie pas de l’assassinat des deux personnes de Montrouge et maintenant de celles de la Porte de Vincennes. Et c'est pour ça que nous irons manifester dimanche. 

Mais nous ne devons pas être dupes non plus de nos sentiments. Car dans ce genre d’attentats les barbouzes en tous genres et les officines de coups fourrés ne sont jamais très loin. A qui le crime profite-t-il?