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22/07/2006

Le droit d'en sourire

BELGIQUE : Journal "LE SOIR" - EDITION DU JEUDI 7 AVRIL 2005  est parue la lettre suivante, écrite par un romanciers connu :

Lettre ouverte au cardinal Danneels (de Bruxelles)

Xavier Deutsch - Romancier

"Permettez-moi d'abord de vous présenter mes condoléances à l'occasion du décès de votre collègue, l'évêque de Rome.

Précisément, c'est à cette circonstance que je me dois de vous écrire aujourd'hui. Car vous allez bientôt vous réunir en conclave avec vos autres collègues demeurés en vie, en vue d'élire la personne qui occupera, à l'avenir, ce poste rendu vacant.

Je vous avoue que j'ai un peu de mal avec l'idée que tout cela va se dérouler dans la plus totale opacité. Or, par ailleurs, renseignements pris, j'entends qu'il n'est pas du tout nécessaire d'être cardinal, ni même prêtre, pour être nommé pape : il suffit d'être un homme, et d'être baptisé. Je remplis cette double condition.

En conséquence de quoi, cher Monsieur, je vous prie de prendre acte de ma candidature à la fonction de l'évêché de Rome. Ou, si nécessaire, de transmettre ma candidature à qui de droit.

Je mesure que cette démarche peut avoir de quoi surprendre. Elle est contraire aux habitudes. On dira peut-être même que « cela ne se fait pas ». Mais, d'une part, si Jésus s'était soucié de ne pas bousculer un petit peu les habitudes, le christianisme ne serait jamais sorti de sa coquille. Et d'autre part, le peuple chrétien n'a été que trop longtemps, trop souvent et trop sévèrement écarté des décisions qui le concernent pourtant au premier chef. Je souhaite qu'on restitue aux chrétiens la responsabilité de leur avenir, et c'est dans cet esprit que je fais aujourd'hui acte de candidature.

Il est naturel, au moment où l'on se porte candidat à un poste, d'exprimer son programme. Pour ma part, celui-ci tient en quelques points qui pourront encore être amendés ou épaissis par la suite. Je pose donc :

- une remise à l'honneur de l'Evangile de Jésus, dans tout ce qu'il a de lumineux, de joyeux, de libérant et de vivant ; et par voie de conséquence une mise au rebut de toute une série de principes mortifères trop souvent portés au pinacle par la théologie moderne (tels que la glorification de la souffrance, le culte du secret, la haine des femmes, la méfiance à l'égard du désir, le culte de la personnalité, la culpabilisation utilisée comme moyen de sujétion et de domination...) ;

- par priorité absolue, et sans délai, l'accès des femmes à toutes les fonctions et à tous les charismes que l'Église institue ;

- la ratification par le Saint-Siège du protocole de Kyoto, et (après adhésion au Conseil de l'Europe), de la Convention européenne des droits de l'homme et des libertés fondamentales ;

- considérant que toute existence humaine est infiniment sacrée, et d'égale valeur, l'abandon progressif mais rapide de tout ce fatras et de toute cette terminologie infantilisante qui, à coup de « Saint-Père », de « Monseigneur », et de génuflexions, maintiennent le peuple chrétien sous la domination de ses prélats ;

- un effort accru de décentralisation, et de responsabilisation des Eglises locales, non pas dans le souci de les conformer à ce que Rome décidera, mais dans le respect des singularités régionales ;

- une transparence à tous les étages de l'institution ecclésiastique, à commencer par la Curie ;

- un respect accru, de leur hiérarchie, envers les curés de paroisse ;

- l'abandon du principe d'infaillibilité pontificale ;

- je crains fort de devoir réexaminer certaines canonisations imprudemment commises par Wojtyla, notamment celles de Balaguer et de Stepinac ;

- je me réserve la liberté de procéder à un droit d'inventaire sur l'héritage du passé, à charge comme à décharge, et dans un réel esprit de bonne volonté ;

- l'Opus Dei demeurera prélature spéciale du pape : je considère que cette association est tout à fait qualifiée pour apporter son petit-déjeuner au pontife chaque matin.

La parole du Christ a été confisquée par des gens qui l'ont tirée du côté hiérarchique (alors qu'elle est fraternelle), masochiste et douloureux (alors qu'elle n'est préoccupée que de joie et qu'elle met fin à la logique sacrificielle), misogyne (alors qu'à l'évidence les femmes jouent un rôle capital dans l'entourage de Jésus), contraignante et infantilisante (alors qu'elle prône la liberté et le sens des responsabilités). Je pense que, maintenant, cela suffit.

J'ajoute que, vu mon âge (je viens d'avoir quarante ans), vous pourriez redouter, en m'élisant, d'en prendre pour un demi-siècle : cependant non, car je m'engage à quitter le poste dès l'âge légal de la retraite (comme d'ailleurs c'est la règle en droit canon pour n'importe lequel des prélats de l'Église, règle bien peu observée, j'ai l'impression).

Voilà, cher Monsieur, en tant que mon prélat de référence, je m'en remets à vous pour vous demander de bien vouloir porter ma candidature à la connaissance de vos collègues cardinaux bientôt réunis en conclave. Je vous prie de recevoir ma démarche avec le plus grand sérieux : je ne me permettrais pas de plaisanter sur un tel sujet, et c'est dans un esprit de service envers l'Eglise - j'entends bien sûr par là le peuple des chrétiens - que je signe cet acte.

En vous remerciant, je vous prie, cher Monsieur, et frère en Jésus-Christ, de croire en ma réelle et sincère volonté de suivre l'Esprit où il souffle".

Manifestement un trait de plume qui n'a pas été entendu mais qui nous a fait sourire.

Emmanuel

15:10 Publié dans Y0 - Humour | Lien permanent | Commentaires (0)