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30/11/2014

Front National : Ce qu'en pensent les catholiques

Qui sont ces catholiques séduits par l’extrême droite ? Pour la première fois, une enquête exclusive réalisée par Paradox'Opinion* sur des données de OpinionWay révèle comment ils perçoivent Marine Le Pen et les idées du Front National.

Les thèses que véhicule le Front national et les valeurs identitaires qu’il incarne se diffusent dans la société, tout comme le populisme se répand en Europe. Sur ces dimensions, les catholiques se situent dans le courant dominant. Néanmoins, ils résistent politiquement plus que la moyenne à la séduction qu’exerce le parti de Marine Le Pen. Mais si les digues tiennent, notamment du côté des anciennes générations, des fissures apparaissent du côté des plus jeunes.

Surmoi de droite

À la question directe de savoir si les catholiques sont aujourd’hui sur le point de céder aux sirènes du Front national, une réponse négative s’impose. Seuls 7 % d’entre eux déclarent se sentir proches de ce parti, un niveau stable par rapport à 2012, alors que l’attractivité du FN atteint 13 % parmi la population en général et qu’elle s’est renforcée depuis la présidentielle. Par ailleurs, les catholiques sont plus nombreux que la moyenne à rejeter la personnalité de Marine Le Pen (66 % contre 61 %).

> Voir l'infographie : Marine Le Pen, une personnalité peu appréciée des catholiques
 

La raison de cette résistance ? Leur surmoi politique de droite avant tout, même si ce facteur n’en exclut pas d’autres. L’identification à la droite classique fait encore rempart : la proportion des catholiques qui se déclarent proches d’un parti de la droite républicaine (42 %) est deux fois supérieure à celle du reste de la population (20 %). Cette situation pourrait cependant n’être que temporaire. En premier lieu parce que la droite n’exerce plus le même attrait chez les catholiques. 39 % déclarent avoir confiance en elle pour gouverner le pays, alors qu’ils étaient 51 % il y a un an.

> Voir l'infographie : Les catholiques, moins attirés par le FN que la moyenne des Français


Compte tenu de la chute de confiance parallèle envers la gauche, c’est dans un sas de défiance généralisée que s’engouffrent les catholiques. 46 % ne font ainsi plus confiance « ni à la droite ni à la gauche » pour gouverner le pays, score en hausse de 16 points en un an ! Les catholiques sont donc politiquement dans un entre-deux, encore tenus par une force de rappel de droite, mais potentiellement sensibles aux sirènes de l’antipolitique. Une zone ouverte aux tentations populistes.

Crispation identitaire

Les catholiques partagent largement les crispations identitaires des Français concernant la présence immigrée et la peur de l’islam. Mais, sur ce terrain, ils sont devenus plus fébriles qu’auparavant et adoptent des positions de plus en plus sévères. 41 % des catholiques pensent ainsi que l’islam est « vraiment » une menace pour l’Occident, score en hausse de 11 points en un an. 37 % sont « tout à fait d’accord » avec l’idée qu’il y a trop d’immigrés en France contre 25 % en 2012.

Sur les thèmes sécuritaires, les catholiques s’inscrivent dans le courant dominant et se prononcent par exemple majoritairement pour la suppression des allocations familiales pour les familles de mineurs délinquants. La dénonciation de l’assistanat fait une percée : 60 % pensent que « les chômeurs pourraient trouver du travail s’ils le voulaient » contre 53 % en moyenne. Enfin, ils soutiennent de plus en plus nettement l’idée de préférence nationale en matière d’emploi.

> Voir l'infographie : Les catholiques sont en phase avec les Français, sauf sur la peine de mort
 

Indéniablement, les thèmes du FN imprègnent peu à peu les esprits catholiques… comme les autres. Mais si leur sensibilité de droite peut les faire incliner vers le repli identitaire, leurs credo économiques – qui ne sont pas particulièrement de gauche – les empêchent de basculer dans l’escarcelle de Marine Le Pen.

Passif économique

Historiquement, les catholiques ont toujours été plus proches de la droite conservatrice que de la droite libérale. La sensibilité chrétienne-démocrate a également joué une grande importance dans la construction d’une identité politique catholique. Ces influences restent d’ailleurs prégnantes aujourd’hui.

Économiquement, les catholiques comptent cependant plus sur l’initiative privée que sur l’action de l’État. Ils se prononcent pour une économie ouverte alors que la globalisation est vilipendée par la majorité des Français. Ils sont aussi très majoritairement attachés à l’Europe et à l’euro. Leurs valeurs économiques sont donc ici à contre-courant de celles qui s’imposent peu à peu dans le grand public.

> Voir l'infographie : Les catholiques très majoritairement opposés à la disparition de l'euro
 

Face à eux, le Front national se situe en porte-à-faux sur le terrain économique. Le FN prône le retour au franc ? 73 % des catholiques s’y opposent. Le FN n’a de cesse de dénoncer la mondialisation ? 60 % des catholiques pratiquants y voient une chance pour l’économie française et une opportunité de modernisation pour le pays. Le FN prône le protectionnisme ? Les catholiques le rejettent à une large majorité. Sur toutes ces dimensions, les catholiques s’opposent donc « frontalement » aux conceptions du FN, bien que ce soit sans doute davantage pour des raisons liées à leur sensibilité politique que par conviction religieuse.

Une différence de valeurs

Les catholiques savent se distinguer aussi sur certaines valeurs fortes. Ils affichent ainsi une spécificité que l’on peut rattacher à la morale chrétienne : l’attachement à la vie. La majorité absolue d’entre eux (55 %) se déclare aussi opposée au rétablissement de la peine de mort pour les crimes les plus graves, alors que cette idée commence à séduire une bonne partie du pays (53 %).

Certes, les catholiques étaient plus nombreux il y a un an à être fermement contre la peine de mort. Ils évoluent donc sur cette question mais ne cèdent pas. Leur éthique se met en travers de la route du FN, qui réclame le rétablissement de la peine de mort. En ce sens, les catholiques sont ici très loin des positions des partisans de Marine Le Pen. Il y a fondamentalement une différence de valeurs.

La fissure « jeunes »

L’attachement à la vie, l’ouverture économique, la barrière de la droite classique constituent-ils des remparts suffisants pour les catholiques face au FN ? À court terme, sans doute. À plus longue échéance, c’est moins sûr. Car de nettes fractures générationnelles existent. Les plus âgés sont des supporters de l’économie de marché et de la globalisation, tout en adoptant à l’inverse une posture de repli face à l’islam. Les jeunes catholiques sont quant à eux très critiques à l’égard du système économique actuel et de ses conséquences sociales. Ils sont aussi plus réservés face à l’entreprise privée, réticents face à la globalisation, critiques sur le capitalisme et sensibles aux sirènes du protectionnisme. Et ils ne sont pas particulièrement plus tolérants face à l’immigration, même si l’octroi du droit de vote des étrangers comme moyen d’intégration pourrait les séduire.

En définitive, les jeunes catholiques sont, du point de vue économique, identitaire et politique, les plus ouverts au discours du Front national. Ils sont cependant moins sensibles au parti qu’à Marine Le Pen elle-même. 10 % des catholiques pratiquants de moins de 35 ans se sentent proches du FN (contre 1 % parmi les plus de 65 ans). Mais 35 % de ces jeunes apprécient Marine Le Pen (contre 25 % parmi les plus âgés). Dans cette génération, désinvestie par rapport à la politique et peu imprégnée d’idéologie, la stratégie de banalisation de Marine Le Pen commence à opérer. La déstructuration politique et religieuse des nouvelles générations de catholiques est à l’œuvre. Perte de marqueurs idéologiques à droite comme à gauche, manque de repères religieux ou éthiques facilitent cette évolution.

Si loin si proche du populisme

La crise que traverse la France est celle du continent européen. Elle est plus identitaire qu’économique et sociale. Le mal-être identitaire se traduit dans le champ politique par une tectonique des plaques dont l’aspect le plus visible est la montée des populismes. Il se nourrit du rejet de l’autre, se berce des illusions du bouc émissaire et s’alimente d’un sentiment anti-élites. Le politologue Dominique Reynié qualifie le populisme européen de « patrimonial », dans le sens où « il défend de façon virulente le niveau de vie comme patrimoine matériel et le style de vie comme patrimoine immatériel ». Cette approche réduit quelque peu les motifs populistes à « l’avoir » plutôt qu’à « l’être ».

Aujourd’hui, le fond commun de tous les populismes en Europe est la dénonciation virulente de l’Union comme construction supranationale et agent de la mondialisation destructrice des identités. Les catholiques français conservent quant à eux un profond attachement à l’Europe, perçue comme porteuse de valeurs humanistes, et à la vision économique qu’elle véhicule. Tant qu’ils partagent la conviction de leurs aînés, les jeunes catholiques résistent au populisme. En cédant, ils pourraient entraîner dans leur sillage un monde catholique fragilisé et désorienté.


* Etude réalisée auprès d'un échantillon de 7486 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 et plus et inscrite sur les listes électorales. Cet échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d'âge, de catégorie socioprofessionnelle, de région et de catégorie d'agglomération. Au sein de cet échantillon, 495 catholiques pratiquants réguliers (c'est-à-dire déclarant se rendre à un office religieux soit une fois par semaine, soit quelques fois par mois) ont été interrogés.

source https://actualitechretienne.wordpress.com/2013/12/05/ce-q...

 

Les Francs-Maçons quant à eux sont farouchement pour la défense des libertés républicaines, de la laïcité et à se titre opposés aux thèses frontistes et aux menaces qu'elles font peser sur la cohésion nationale.

Front National - Ce qu'en pensent les évêques en France?

L'Eglise catholique ferme face au FN

L'Eglise catholique met en garde contre les idées du Front national depuis longtemps.

 

De nombreux évêques sont intervenus dans le débat public pour repousser les idées de l'extrême droite et refuser tout amalgame entre le vernis catholique du FN et l'esprit évangélique.

Refuser tout compromis

Les premières condamnations explicites du Front national remontent à 1985, aux lendemains des élections européennes où le FN atteint 11%. Face aux propos racistes de Jean-Marie Le Pen et à sa volonté de récupérer l'identité chrétienne, de nombreux évêques élèvent la voix. Le premier, Mgr Decourtray, archevêque de Lyon et primat des   Gaules, prend position et déclare lors de la cérémonie des Cendres : " Nous en avons assez de voir grandir dans notre pays le mépris, la défiance et l'hostilité contre les immigrés. Nous en avons assez des idéologies qui justifient ces attitudes. (...) Comment donc pourrions nous laisser croire qu'un langage   et des théories qui méprisent l'immigré ont la caution de l'Eglise du Christ ? ". (
voir notre animation à partir de la méditation "Jésus ne dit pas" de Mgr Decourtray)

A sa suite de nombreux évêques réagissent : Tours, Evreux, Grenoble, Soissons, Arras, Montpellier, Nice, Amiens, Pontoise, Autun, Bayeux, Nantes, Poitiers. A Paris, Mgr Lustiger dénonce : " La haine du frère dont la peau est d'une autre couleur, la haine du frère dont les cheveux sont différents, la haine du frère qui n'est pas né ici, la haine du frère dont l'accent sonne étrangement ! La haine du frère ? Lui, un enfant de Dieu comme vous ! N'avez-vous pas honte ? Battez-vous pour l'amour ! Ne laissez pas les cris aveugles de la haine et du ressentiment habiter vos coeurs.  Chrétiens ! Rappelez-vous ! Vous êtes enfants de Dieu, du même Père. (...) Vous n'êtes pas des loups ! "

Ces prises de position particulièrement explicites vaudront à Mgr Decourtray et Mgr Lustiger de devenir les bêtes noires du leader du Front National. Jean-Marie Le Pen n'hésite pas à faire huer leur nom au cours de ses meetings. En 1996, Il s'en prendra même personnellement à l'archevêque de Paris en faisant allusion aux origines juives du cardinal : " Je n'ai pas besoin de me convertir puisque dès ma naissance, j'ai été baptisé dans une religion que personnellement je n'ai jamais abjuré " déclare-t-il bassement à son encontre.

De 1985 à aujourd'hui, les prises de position des évêques contre le Front National vont se succéder au fil des saisons et des scrutins électoraux, sans interruption. Il faut dire que tout les sépare. Alors que le Front National rejette l'étranger et le suspecte, l'Eglise appelle à l'accueil de l'autre et au souci du plus faible ; quand il déclare l'inégalité des races, elle affirme l'égalité des hommes, tous aimés de Dieu ; lorsqu'il milite pour un repli national, elle cultive le sens de l'universalisme. Contre tout antisémitisme, l'Eglise rappelle la judéité de Jésus, reconnaît le peuple juif comme " peuple aîné " et fait repentance pour son hostilité passée envers lui. Contre tout rejet des musulmans, elle appelle à l'amitié avec les " fils d'Abraham ".

La défense de l'immigré

Face à la stigmatisation des étrangers par le FN, l'Eglise catholique se fait un devoir d'appeler à la solidarité.   En 1985, la commission épiscopale des migrations publie le texte " Construire l'avenir avec les immigrés " et rappelle que " la France, dans son passé récent, s'est formée par l'apport d'hommes et de femmes de diverses origines ". En 1988, avec les protestants et les orthodoxes, elle envoie un message d'amitié aux étrangers de France intitulé " L'Amour surmonte les peurs ". En 1992, elle participe à la campagne oecuménique "accueillir l'étranger", campagne qui sera renouvelée en 1995. A chaque fois le message est clair : être disciple du Christ, c'est refuser les discours de haine et se faire le prochain de l'étranger.  

Fermeté et mises en garde contre toute récupération

Les affrontements avec le Front national sont parfois directs, notamment quand celui-ci cherche à se positionner comme le héraut des valeurs chrétiennes. Quelques exemples.

En 1992, Mgr Duval, président de la conférence des évêques de France, prend position contre les récupérations de Jean-Marie Le Pen. " Souvent on nous demande pourquoi nous ne soutenons pas un parti qui défend les valeurs chrétiennes. En fait, il ne suffit pas de défendre des valeurs chrétiennes pour être chrétien. Il faut, pour être chrétien, remonter à la source de ces valeurs et accepter les exigences évangéliques dans leur intégralité " écrit-il dans
La Croix, avant de mettre en garde les chrétiens contre " la tentation de se laisser séduire par la défense de certaines valeurs en oubliant de vérifier l'idéologie des courants auxquels ils adhèrent ".

Toujours en 1992, c'est l'archevêque de Reims qui s'oppose cette fois au leader du Front national. Contre Jean-Marie Le Pen et les siens, qui cherchent à transformer l'office dominical en ouverture de meeting, Mgr Balland fait exceptionnellement fermer la cathédrale un dimanche. D'autres affrontements éclatent au cours de 1996. En septembre, la commission épiscopale des migrations fait une déclaration tonitruante : " Quand un homme public ose affirmer comme une vérité l'inégalité des races, il y a un danger pour l'ensemble de la société. (...) Elle est une atteinte à l'identité nationale fondée sur les valeurs acceptées par tous, la liberté, l'égalité, la fraternité. Pour un chrétien ces propos sont inacceptables. "

Une vive polémique s'engage avec le leader du Front national. Elle rebondit avec la révélation de la décision de Mgr Rouet, évêque de Poitiers, de différer le baptême d'un militant du Front-National : " J'ai expliqué à ce candidat au baptême que l'idéologie du Front National était contraire au message du Christ et de l'Eglise. Mais je ne lui ai pas fermé la porte et je l'ai encouragé à réfléchir, afin de choisir entre la foi chrétienne et ses idées politiques " expliquera sereinement ce dernier.

En 1998, à la suite de l'élection de cinq présidents de conseil régionaux avec les voix des élus du Front national, Mgr Billé, président de la Conférence des évêques signe une déclaration inter-religieuse où " les responsables des grands courants religieux en France s'inquiétent de la place désormais prise dans la vie politique française par un parti qui n'a jamais caché ses thèses racistes, xénophobes et antisémites "

Aujourd'hui encore, les évêques appellent à la défense de la démocratie et des valeurs de la République. Ils peuvent déjà être fiers de leur travail. Alertes et conseils ont porté leurs fruits : le vote FN a diminué dans l'électorat catholique. Au dernier sondage Sofrès, seuls 7% des catholiques pratiquants avaient l'intention de voter pour Jean-Marie Le Pen.

A rappeler qu'il y a quelques années les Grand Maitres des obédiences maçonniques ont manifesté au côté des principaux chefs religieux du pays pour la défense des libertés, la laïcité... contre les thèses nauséabondes de l'extrême droite.

Source "blog "Croire".