« Orthodoxes condamnations | Page d'accueil | C51- Avant de s'exprimer au nom de tous il vaut mieux s'assurer que chacun est d'accord! »
10/02/2006
Des dangers du cléricalisme
Les religions, leurs églises, synagogues, mosquées et autres temples ont depuis toujours été très présent(e)s dans la cité au côté des pouvoirs. Le monde occidental, et particulièrement l'Europe, ont peu ou prou réussi à ramener, cantonner l'institution religieuse dans le domaine qui est le sien, celui de la foi et sa pratique. D'une manière générale ce mouvement s'est fait à la satisfaction de tous et à largement contribué à libérer la pensée et la parole. De plus, ainsi qu'on le voit en France avec les lois sur la laïcité, cela a permis l'instauration et le maintien de la paix religieuse, et donc civile, entre des confessions qui souvent se haïssaient.
Depuis quelque temps on voit, ici et là, naître des tentatives nouvelles de reprise en main des sociétés par les religieux de tous poils, encalottés ou tonsurés, enturbanés ou entoqués... L'affaire des "caricatures" jette un éclairage cru sur cette montée du "cléricalisme" dans toutes les sociétés, y compris les plus avancées sur le plan de la modernité, du progrès social et économique. Certains veulent y voir les conséquences de la dérive mondialiste qui laisse des peuples nombreux en marge de l'évolution. D'autres celles de la domination occidentale sur le reste du monde. D'autres encore la revendication fondamentaliste de peuples maintenus par leurs dirigeants dans l'ignorance et la pauvreté.
Nous ne prendrons pas parti dans ce débat où, sans doute, toutes les causes se mêlent. Nous tenterons seulement d'expliquer ce qu'est le cléricalisme et de montrer qu'il n'est pas un phénomène nouveau puisque, déjà sous l'Egypte ancienne, les rois ont du batailler contre les temples.
Le clergé est l'ensemble des ecclésiastiques attachés à une église. Le clergé peut être "régulier" ou "séculier". Le clergé régulier est l'ensemble des clercs religieux et religieuses, généralement cloîtrés, vivant selon une Règle (dans les églises chrétiennes les moines et moniales vivant selon la Règle de saint Benoît : Cisterciens, Bénédictins notamment, ou les Souffis du monde musulman, ou les moines boudhistes). Le clergé séculier est l'ensemble des clercs, prêtres et religieuses, vivant dans le monde auprès des laïcs (prêtres de paroisses, évêques, cardinaux, congrégationnistes...).
La définition précédente est largement inspirée de la hiérarchie catholique qui fut, dans le monde occidental, l'église dominante des siècles précédents. De nos jours, une telle définition doit être élargie à l'ensemble des personnes exerçant une fonction de type sacerdotal ou de direction spirituelle, au sein des multiples religions qui se cotoient désormais sur notre sol.
Ainsi, nous considèrerons comme également membres d'un clergé : les imams, muftis musulmans et autres recteurs, les pasteurs protestants, les rabins petits et grands, les prêtres, popes, moines orthodoxes, les moines boudhistes... ainsi que tous les illuminés des sectes religieuses se rattachant, plus ou moins, à l'une ou l'autre des grandes religions et philosophies, qu'ils aient été reçus, ordonnés ou simplement reconnus. Et ce, quand bien même, ces religions ne seraient pas structurées hiérarchiquement comme l'est l'Eglise catholique.
Les religions, leurs églises, leurs cléricaux ont, de tous temps, cherché à dominer le monde, à diriger les consciences, à dire le bien à partir de leurs supposées "révélations divines" ou " connaissances supra-humaines ". Tous ont été ou sont encore fortement impliqués dans les affaires des pays où ils exercent leur ministère ou influence.
Il s'en suit que le cléricalisme est l'état d'esprit des clercs qui vise à donner au clergé (quelle que soit sa religion de rattachement) un rôle exagéré dans les affaires temporelles (Quillet Flammarion).
A l'aune de cette définition élargie, et bien qu'elle ne soit pas une religion, nous pourrions dire que la Franc-Maçonnerie court, elle aussi, le risque de cléricalisation. Ce type de glissement, vers ce qui serait le cléricalisme maçonnique, apparaît avec la constitution des Obédiences, qui sont des organisations administratives, au sein desquelles peuvent tendre à se constituer des "filières" d'accès aux fonctions de direction de l'organisation, une "professionnalisation" des offices, des "profils" de carrières, un "management" des hommes... Certains lèveront les bras aux cieux en nous lisant. Qu'ils se souviennent alors de ces loges où le Vénérable ne peut être élu que parce qu'il a un profil qui plait. Ou encore de ces membres qui semblent traverser toute la suite des grades et degrés avant de se retrouver, qui Conseiller quelque chose, qui Grand Maître, ou qui au sommet de la pyramide des degrés maçonniques. Pire encore de l'esprit cléricalo-maçonnique, lorsque des obédiences prennent ouvertement le parti de soutenir un candidat brigant un mandat politique, de faire passer une loi, d'influencer telle décision politique. Ce cléricanisme là doit être combattu comme tous les autres.
L'exemple des excès de l'esprit clérical nous est donné par la récente affaire des "caricatures du prophète Mahomet dans un journal Danois. Si l'on peut en effet juger irrespectueux ces dessins, il n'en demeure pas moins vrai, quand bien même le respect de la pensée d'autrui serait un droit absolu, que la liberté de la presse doit être totale et respectée par tous, y compris par tous les religieux, dont dont voit bien la sainte alliance se former pour soutenir les revendications islamistes, et, du même coup, faire peser sur les états laïcs le poids de leurs opinions publiques extrêmes. C'est là la preuve que, même en Europe, le cléricalisme est toujours présent au sein des églises majoritaires. Elles risquent fort de s'en mordre les doigts, et nous avec, si, par malheur, l'islamisation rampante de nos sociétés venait à s'installer aux postes de gouvernement de nos états laïc et démocratiques.
Nous n'irons pas plus loin dans cette analyse. Nous ne sommes pas en effet loin de penser que toute cette affaire n'est qu'une machination montée de toutes pièces – y compris la publication des caricatures – afin de servir, sous couvert de la défense de principes religieux, des intérêts d'états. Manipulation d'opinions publiques qui font, si la preuve en était encore nécessaire, celle de la collusion permanente, toujours active et actuelle des pouvoirs civils et des pouvoirs religieux afin d'assurer leur contrôle commun sur les peuples.
Une fois encore, pour éclairer cette question sur le cléricalisme, il n'est pas inopportun de faire appel à l'un de nos anciens déjà cité sur ce Blog : le Frère Pierre Des Pilliers, ancien prêtre séculier, ancien religieux cloîtré, devenu Franc-Maçon par réaction contre l'intolérance et l'outrance papale de LéonXIII.
Comme on le verra il sera facile de transposer à notre époque ce qu'écrivait cet homme il y a plus d'un siècle. L'ouvrage, d'une soixantaine de pages, en ligne sur Gallica, est précédé d'une assez longue présentation de l'auteur et de sa carrière religieuse. Il se développe ensuite au long de trois paragraphes dans lesquels l'auteur se montre assez "orthodoxe" en ce sens qu'il récuse plusieurs dogmes de l'Eglise Catholique et donne :
La définition du cléricalisme et son opposition radicale aux fondamentaux du Christianisme.
L'origine et le développement du cléricalisme au long duquel il démontre et l'irrégularité canonique de l'Eglise Catholique et les moyens par lesquels elle s'est imposée, ainsi que, les éventuelles conséquences du retour des clercs aux affaires du monde.
Les moyens de terrasser le cléricalisme dans lequel on verra que, dèjà à cette époque, la guerre des caricatures faisait rage entre tenants du parti clérical et leurs opposants anticléricaux.
Le ton de ce pamphlet contre l'Eglise Catholique est très vif. Mais si l'on veut bien passer sur certaines exagérations, liées au contexte de l'époque, et sortir du cadre "catholique", on verra qu'il trouve encore à s'appliquer de nos jours, y compris à certaines outrances de la défense de la laïcité, commises par ceux qui pourraient bien apparaître comme les cléricaux d'une nouvelle religion laïque.
http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-204141&...
http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-204142&...
Suivre les instructions de téléchargement des documents en .pdf - Téléchargement assez long.
11:00 Publié dans E1- Du cléricalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : culte et spiritualité, cléricalisme, anticléricalisme, religions, clergé, franc-maçonnerie, laïcité