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17/03/2006

De l'antisémitisme à l'antimaçonnisme (suite 1)

.../... Suite

L'ABBE BARRUEL

Dans son célèbre et bien connu ouvrage intitulé "Mémoire pour servir à l'histoire du Jacobinisme", publié à Hambourg en 1798 chez P Fauché - libraire, l'auteur se livre d'abord à un violent réquisitoire contre "les Jacobins" (du nom de ces Clubs qui se réunissaient dans le couvent du même nom à Paris rue Saint Jacques). Selon l'auteur ces Jacobins formaient "une secte sortie toute armée des entrailles de la terre pour renverser les trônes et les autels et répandre sur toute la surface de la terre les "droits de l'homme" et que tous les hommes sont "libres et égaux"". Il leur attribue non seulement l'origine et la conduite de la Révolution française mais aussi toutes les horreurs de la guerre et des différents épisodes révolutionnaires.

D'où vient l'idée qu'il s'agit d'une secte et non d'un groupe d'hommes éclairés, formés dans les écoles chrétiennes, ou d'individus avides de pouvoir et conjurés pour l'obtenir? Il est possible que l'auteur ait joué sur la proximité des mots "Jacobins" (du nom d'un ordre religieux relevant de la règle de Saint Dominique et d'un couvent situé rue Saint Jacques; du nom également du Club révolutionnaire qui s'est par la suite réuni dans ce couvent) et "Jacobites" (du nom d'une secte hérétique du proche-orient, fondée au milieu du premier millénaire après J+C, et ne reconnaissant en celui-ci que sa nature divine; du nom également des partisans de Jacques Stuart II, soutenu par Louis XIV, qui perdit le trône d'Angleterre au profit de Guillaume d'Orange et qui finit ses jours au chateau de Saint Germain en Laye où se formèrent, en France, les premières loges maçonniques dites écossaises")? Très vite l'auteur passe de quelques hommes à une volonté de complot généralisé, étendu à toutes les nations, ourdi depuis longtemps dans le secret "il faut que les Nations sachent que leurs révolutions font partie du grand complot". Mais si "la secte" est affreuse et doit être écrasée tous les sectaires ne sont pas mauvais hommes "tuez la secte mais laissez vivre le sectaire pour qu'il se repente", "la secte peut sembler dormir mais son sommeil sera le calme des volcans", "de nouveaux désastres apprendront aux peuples que la révolution Française n'était que le commencement de la grande dissolution universelle que la secte médite".

Vient ensuite une diatribe contre les philosophes où l'on voit apparaître pour la première fois une référence aux loges maçonniques et à la secte des "Illuminatis" qui, dit-il, s'unirent pour former "la conspiration universelle des adeptes de l'impièté, de la rebellion, de l'anarchie". Après avoir dit que cette conspiration fut antique et d'essence anti-chrétienne, Barruel cite les quatre premiers sectaires en la personne de Voltaire ("jaloux de Dieu"), d'Alembert ("au coeur froid qui ne pouvait rien aimer"), FrédéricII de Prusse ("qui n'a jamais connu la religion que par ses ennemis") et Diderot ("fou de la nature"). Pour lui est anti-chrétien tout homme "qui réduit tout à sa propre raison, rejette la religion et la révélation au nom des lumières naturelles... sous prétexte de maintenir la liberté, les droits de la raison et l'égalité de ces droits en tout homme".

Il semble en fait que Barruel appuie toute sa thèse d'une secte très ancienne sur la condamnation des chrétiens par Julien l'Apostat (331 - 363), empereur romain (361 à 363), élevé dans l'Arianisme par Eusèbe de Nicomédie et George de Cappadoce. Son ouvrage de référerence s'intitule "Contre les Galiéens" (chrétiens). Il y dénonce l'attitude des sectaire du Christ qui ont fait "de la plus belle religion du monde" un instrument du pouvoir "Les saints autels n'étaient à mon regard qu'un marche pied au trône des Césars" (Vers attribués à l'empereur Constantin, premier empereur chrétien de Constantinople). Il, Julien l'Apostat, y prétend aussi qu'il y aurait un enseignement caché (Gnose) et un Christianisme très ancien auquel le Christ, les Apôtres et les tous premiers chrétiens auraient donné toute sa portée universelle. Mais qu'après eux l'enseignement se serait dévoyé. Barruel s'en prend également aux Sociniens qui, vers le milieu du 17ème siècle, prônèrent un christianisme ouvert, tolérant, réduit au seul respect des enseignement du Maître Jésus, furent des précurseurs de l'idée de laïcité, affirmèrent que Jésus était homme (Mais homme parfait récompensé par Dieu (ils récusaient donc son origine divine)). Suit de la part de Barruel un long réquistoire contre l'Encyclopédie et les Encyclopédistes en tant que moyen et agents de la conjuration contre le christianisme. Dans le procès qu'il instruit contre ce qu'il appelle "la secte des philosophes" Barruel dénonce également l'éviction des prêtres de l'enseignement public et leur remplacement par des maîtres laïcs forcément athées, libres penseurs et libertins religieux, voire sexuels. Il y accuse (déjà) une société de plaisir entièrement organisée en vue de détourner les croyants de la saine et sainte religion catholique...

En bref lorsqu'on met et correspondance les écrits de Barruel et les différentes Encycliques papales de condamnation de la FM mais aussi de la société laïque, on voit bien à quelles sources la papauté et l'épiscopat, qui utilisent les mêmes expressions, termes, mots et procédés que Barruel, sont allés puiser la matière et la manière de leurs écrits contre la FM et l'évolution des moeurs.

On retrouvera cette matière et cette manière dans d'autres écrits, tels ceux de Taxil ou des rédacteurs des Protocoles, qui font encore les choux gras de tout ce que la terre compte, encore aujourd'hui, d'extrémistes religieux et politiques.

De nos jours on les lira ou entendra encore dans les écrits ou propos de certains clercs, comme l'évêque du Puy-en-Velay, Mgr Brincart, auteur d'une interview bien connue, dans laquelle il dit que "C’est pourquoi, autant il faut combattre la franc-maçonnerie en rappelant qu’elle est une forme particulièrement nocive de "gnose" (NB : Secte affreuse, selon Barruel), autant il faut poser sur les francs-maçons un regard d’espérance (NB : Tous ne sont pas méchants, dixit Barruel), regard né d’une authentique charité (NB : Du type de celle qui conduit tout droit à l'excommunication?) , car " rien n’est impossible à Dieu". Le fait que cet évêque affirme que "la FM est une forme nocive de gnose" ne fait que prouver son ignorance totale de ce qu'elle est réellement. S'il en avait ne serait-ce qu'une petite idée cet évêque, qui se montre ici sans grande intelligence, saurait que la FM, sauf à affirmer l'existence d'un "Principe Créateur" sous le nom de "Grand Architecte de l'Univers", ne professe, dans aucun de ses degrés, aucune sorte de croyance ni aucune doctrine de "salut". Alors que c'est précisémment ce que proposent les églises chrétiennes et la plupart des religions. 

.../... à suivre

22:35 Publié dans C0- Antimaçonnisme | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : franc-maçonnerie

Commentaires

Passionnant

Écrit par : philippe.kahl | 29/08/2006

Merci

Écrit par : Emmanuel | 06/09/2006

Bonjour,
Voici ci-dessous le lien vers une étude intéressante sur l'anti-maçonnisme laique:

http://amveat.free.fr/l_anti_maconnisme_laique_114.htm

Cordialement,
Amveat

Écrit par : Amveat | 05/03/2008

Merci de votre contribution.

Nous avons bien noté que votre site en cache en réalité un autre... où les thèses du FN se développent à l'envi.

Citation : ".../... Qui sommes nous ? Nous voulons représenter et promouvoir le courant athée et rationaliste au sein du Front national et plus généralement au sein du « mouvement national ».../....".

Nous allons y revenir.

Emmanuel

Écrit par : Emmanuel | 05/03/2008