17/12/2009
Identité nationale???
Un de nos correspondants nous adresse ce billet qui fut sa contribution sur le site ministériel du débat sur l'identité nationnale. Nous le publions in-extenso car il nous parait refléter une vraie interrogation qui dépasse les clivages politico-ethnico-religieux de ces débats.
Notre ami manie un peu le bâton mais infiniment moins que beaucoup d'autres la mâchoire d'âne.
Je ne sais pas ce que veulent dire ces deux mots "identité nationale".
Si j'étais né sur la lune je suppose que je dirais que je suis lunien ou lunais ou lunatique??? Que j'en aurais appris la langue en même temps que j'y suçais le lait de ma mère venue p.e de Vénus et de mes chahuts avec mon père né sur la lune de parents terriens. J'aurais connu des frères et des soeurs. J'aurais passé des vacances chez mes grands-parents du côté où on voit la terre. J'aurais aimé la lune et p.e un peu aussi la Terre et Vénus. J'aurais eu des copains et des copines venus comme moi de n'importe où.
Oui mais voilà je suis né en France depuis 1146, d'origine angevine (donc p.e un peu arabe) et germanique, je me suis marié avec des filles de familles belges, prussiennes, anglaises, espagnoles mais aussi avec quelques bourgeoises bien dotées. J'ai combattu avec les Templiers parce que "Dieu le veut" et aussi pour le roi de France et de Prusse. Contre l'Anglais. Plus tard avec Stanislas. Plus tard encore avec les Volontaires pour la Liberté, l'Egalité et la Fraternité et pour la Patrie, et puis vers Moscou et son terrible hiver, encore à Sedan avec l'empereur IIIème, contre l'Allemand qui nous avait pris l'Alsace et la Lorraine, et encore contre les nazis avec des hommes venus de par toute la terre pour que vive la Liberté contre l'oppression. Et encore en Indochine, en Algérie. Je suis mort pour la France partout où mon devoir m'a conduit. Mes ancêtres ont construit Chartres et Notre-Dame, Versailles et le Louvre... Il furent grands propriétaires terriens, maréchaux de France, généraux, parlementaires, juges, grands commis de l'état, artisans, simples ouvriers, simples soldats . Et moi j'ai été ingénieur et j'ai participé aux "trente glorieuses" qui ont façonnées la France d'aujourd'hui. Mon père était cheminot et syndicaliste connu, ma mère était femme au foyer. J'ai reçu une éducation religieuse catholique mais je suis un produit de la laïque. J'ai abandonné l'église romaine mais je suis resté chrétien parce que le Christ a dit qu'il faut être connaissant car la connaissance rend libre, qu'il faut être dans le partage car il rend égaux, qu'il faut être fraternels car nous n'avons qu'un seul père qui ne nous a donné qu'un seul sang.. J'ai croisé des milliers d'hommes sans m'arrêter à la couleur de leur peau, à leur religion, à leurs choix politiques... si quand même pour les combattre quand ils étaient extrêmes. Beaucoup m'ont donné leur confiance je me suis efforcé de ne pas les décevoir. J'ai fait mon devoir d'homme auprès de ma famille tout en servant au mieux le pays qui m'a vu naître. J'ai même été un peu élu municipal et candidat écologiste après avoir été durant plusieurs années président d'une association locale de défense de l'environnement. Je vote par mémoire de nos anciens qui se sont battus pour ce droit et pour exprimer mes choix. Plutôt à gauche mais parfois aussi à droite. Pour celui qui me parait le meilleur même si ses choix politiques ne sont pas forcément les miens. Je me désole quand je vois mon pays se disperser en combats stériles et je me réjouis de ses succès...
Est-cela qui fonde mon sentiment d'appartenance? Et si j'étais né noir, ou "bronzé" et que j'ai été obligé de m'expatrier en France qu'est-ce qui ferait que j'aimerais ce pays? Devrais-je l'aimer en reniant la terre de ma naissance? Aimerais-je la France parce qu'on peut y faire ce qu'on veut ou presque, et même lui cracher à la face, mépriser ses lois et ses coutumes, lui imposer des lois iniques dont nous avons mis des siècles à nous départir? Parce que c'est un pays riche et assez généreux? Parce qu'avec un peu de chance, où même sans elle, on n'y est moins malheureux qu'ailleurs où l'on manque de tout? Qu'on peut à peu près y manger à sa faim sous un toit - enfin malheureusement pas tous ?...
Au fait, monsieur le Ministre, puisque vous m'en donnez l'occasion, à qui faut-il botter le cul pour qu'en mon pays, la France, terre de mes ancêtres qui se sont battus militairement et civilement pour la Liberté, l'Egalité, la Fraternité, on ne meure pas de froid, on mange à sa faim tous les jours, on ait un boulot digne, on puisse donner à ses enfants une éducation pour l'avenir, où les malfrats petits et grands ne font pas la loi dans la rue et les quartiers, où les extrêmes religieux n'emmerdent pas les 85% de français qui croient un peu ou pas du tout ou autrement, où les petites entreprises, premier employeur de France dit-on, qui ne délocalisent pas, payent 38% d'impôts BIC alors que les grandes entreprises n'en payent que 8%, où les banques jonglent avec nos milliards en toute impunité alors que l'investissement productif piétine, que la recherche manque de crédits, que les entreprises enracinées en France manquent de fonds propres, où l'on fait appel à la charité du public là où la solidarité publique devrait agir, où syndicats et patronat sont incapables d'un dialogue minimum pendant que les usagers galèrent ?...
Dois-je continuer, monsieur le Ministre? Ou reposer ma question?
A qui faut-il botter les fesses pour que le schmilblick avance?
Qu'attendez-vous pour le faire avant qu'on s'intéresse aux Vôtres?
A chacun de se faire une idée.
18:38 Publié dans Z0 - Brèves - Actu chaude ou froide | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : identité nationale, débat, être français, religion, politique
15/12/2009
A nos amis Mohamed et Aïcha
Lettre ouverte à nos amis Mohamed et Aïcha. Mais aussi à tous ceux qui nés récemment en France ont des origines lointaines. Et encore à tous ceux qui viennent d'arriver dans notre pays après un long et souvent difficile voyage.
Selon un sondage IPSOS/La Croix:
5,7% des français sont des musulmans fréquentant la mosquée au moins une fois par semaine
et,
5,3% des français sont des catholiques se rendant au moins une fois par semaine à l'église
alors que
64,7% des français se déclarent catholiques
et,
9,5% des français se déclarent musulmans.
Si l'on prend la pratique religieuse "une fois par semaine" comme critère de la régularité religieuse on voit que 89% des français sont : ou des pratiquants occasionnels ou pratiquant d'une autre religion, non chrétienne ou musulmane, ou sont athées ou agnostiques (notons que la troisième religion de France est le judaïme qui compterait de l'ordre de 50 000 pratiquants réguliers).
Cela veut donc dire que l'indifférentisme religieux est la religion la plus représentée de France alors que les pratiquants assidus des religions très largement minoritaires, y compris dans leurs propres obédiences religieuses, sont parmi les plus bruyants à faire entendre leurs voix d'ailleurs discordantes.
Alors s'il vous plait, que vous soyez enturbannées ou encalottés, UN PEU DE SILENCE! Ceux qui croient un peu, autrement ou pas du tout, en un mot tous les gens censés, ne s'entendent plus réfléchir.
Depuis l'offensive ratée des troupes arabes, ayant pris la déculottée qu'on sait près de Poitiers, en 732 de notre ère, grâce au bons soins du très chrétien Charles Martel, la France est un pays chrétien qui a assez généreusement assimilé de nombreuses vagues d'immigration. Immigration, il est vrai de le rappeler, d'origine plutôt catholique (Portugais, Espagnols, Italiens, Polonais...) mais aussi d'origine religieuse Juive, Orthodoxe, Orientale avec les Arméniens notamment, et autres immigrés fuyants les persécutions arabes et ottomanes, les progroms religieux ou politico-économiques, les conflits qui ont ensanglanté l'Europe. Plus tard, elle a reçu ceux qui, recherchant une vie meilleure et/ou voulant être ou rester Français, venaient d'Algérie et des anciens protectorats, d'Afrique, d'Asie et de bien d'autres lieux lointains. Et tout ça après avoir reçu l'héritage des Francs et autres Huns ou Wisigoths, des Romains aussi et, plus loin encore, des Grecs. Elle a même réussi à réconcilier ensemble les catholiques et les protestants et, jusqu'à une date récente, à faire vivre à peu près en paix toutes ces communautés. Communautés qui ont fait et font encore sa richesse et qui, au cours des deux dernières grandes guerres, ont versé le prix du sang auprès des "gaulois" et des chrétiens de souche, si tant est qu'après tant de mariages croisés le sang original ait conservé quelque chose de gaulois ailleurs que dans la paillardise légendaire du français.
Nous avons écrit "jusqu'à une date récente" car en effet, amis Mohamed et Aïcha, Africains du nord, de la grande Afrique dite noire ou d'ailleurs, il semble bien que depuis quelque temps vous poussiez un peu le bouchon. Pas une semaine où un fait divers impliquant de vos co-religionnaires ou co-nationaux apparaisse. Crimes de sang, délits divers en gravité et variété, mépris des lois de la République et de ses représentants... de son peuple. Mais nous savons aussi, et nous affirmons, que tout ce qui va de travers dans le pays ne vous est pas imputable loin s'en faut. Le problème est que, pour beaucoup comme nous qui faisons la part de choses, d'autres ne la font pas, par inintelligence, pire par calcul, et s'en servent pour ajouter au "bordel" ambiant né aussi du changement de société auquel nous assitons et participons peu ou prou.
Certes, la France fut une grande nation chrétienne, il paraît même qu'elle fut la "fille ainée" de l'église romaine dite catholique par elle-même. En témoigne l'immense patrimoine architectural et artistique qui est notre bien commun et dans lequels "le clocher" est la signature de la foi de nos anciens et de l'ambition d'une chrétienté "dominante et sûre d'elle". Mais de nos jours, et le temps ayant fait son oeuvre de nivellement, qu'on s'en réjouisse ou qu'on le déplore, l'église romaine (qui ne représente pas la totalité de la Chrétienté) a vu ses ambition singulièrement rabotées.
Alors, amis de toutes sortes, venus d'ailleurs, et en particulier musulmans, que vous soyez issus d'une immigration ancienne ou récente, ou même simplement de passage, s'il est juste que vous puissiez librement pratiquer votre religion et les cultes qui s'y rattachent, voire même une différenciation de bon aloi, n'imitez pas ces trous du cul d'extrémistes politiques de tous bords qui ne rêvent que flanquer le feu à la maison, ces catholiques des temps anciens qui, si leurs groupes extrémistes ou les inclinations d'écclésiastiques rétrogrades continuent dans le radicalisme, finiront eux aussi par se réunir dans une cabine téléphonique comme d'autres l'ont déjà connu.
Ecoutez au contraire ce que vous dit la majorité des braves gens biens de ce pays.
Nous sommes en France une très grande majorité de "souchiens", comme nous a récemment qualifiés une de vos co-religionnaires qui, se voulant insultante s'est montrée minable, tout simplement parce qu'elle a oublié que nous avons tout lieu d'être fiers des racines de notre pays, de son histoire, de sa culture diversifiée, des hommes et des femmes qui l'ont fait et le font encore, parmi lesquels il y eut, et il y a encore des musulmans et des étrangers, que nous sommes prêts à vous accueillir, à appuyer votre volonté d'intégration, à faire en sorte que vos droits légitimes à des conditions de vies décentes soient reconnus et respectés, que votre liberté de culte le soit aussi.
Mais comprenez que nous sommes d'un vieux pays, de forte tradition culturelle et religieuse même si, comme le montre les chiffres, la religion tient une place seconde dans nos préoccupations. Comprenez que le peuple français est profondément attaché à ce fondamental du vivre ensemble qu'est la Laïcité. Que nous ne pourrons pas accepter que cela soit remis en cause par quelques excités du turban et de la burqua ou de la calotte et de la soutane.
Vous êtes chez-nous. Soyez chez-vous avec nous.
Vos mosquées et salles de prières ont droit de cité. Mais, surtout, n'opposez pas vos minarets à nos clochers, votre charia à notre charité. Vos immams chantant vos belles hymnes à la gloire de Dieu ne sont pas que des cloches qui appellent à la prière.
Ne confondez donc pas chant du muezzin et appel à la désobéissance civile. Nos cloches peuvent aussi avoir une voix profane, et elles l'ont déjà fait, sonner le tocsin.
Nous sommes allés nous aussi à bonne école. Nous avons appris avec le catholicisme que la religion peut ne pas être que religieuse. Qu'elle peut aussi être ambition politique.
Sachez donc que nous ne sommes pas dupes du fait que l'Islam n'est pas que religieux et qu'il est aussi projet politique qui vise à faire de la terre entière un monde islamisé. Un monde soumis à des lois dont dont nous avons mis plusieurs siècles à nous défaire, dont nous récusons le bien fondé à l'époque qui est la nôtre, dans la société pétrie d'humanisme qui est la nôtre,
Alors ne confondez pas mosquées et masqués. Avancez à visage découvert. Puisqu'expurgé de ces sourates ajoutée par des fous assassins au Coran, votre religion est une religion de paix et de tolérance.
Nous savons aussi que le costume peut faire signe.
Nos religieuses et religieux séculiers en ont longtemps témoigné. Mais il y a belle lurette que nos filles religieuses, de la Charité ou autres congrégations, ont rangé leurs cornettes et robes de bronze au rayon des antiquités, que nos prêtres portent le col roulé plutôt que le col dur romain. S'il est légitime que vos mères, vos femmes, vos soeurs, dont beaucoup voudraient être, ou sont déjà, à la pointe de l'intégration, soient l'objet de notre respect, ne les laissez pas s'enfermer dans une prison de voile, ne les y placez point.
Ne confondez donc pas "être voilée" et être embusqué. Nous savons que ces voiles n'ont pas de vraie signification religieuse, qu'ils n'étaient qu'une protection de la beauté des femmes contre les sables et les ardeurs du soleil et qu'ils furent instrumentalisés en moyens de soumission par des fondamentalistes obsédés de sexe. De plus, en France et dans l'Europe, cacher son visage est signe de défiance, de duplicité, de refus de communication, de refus de l'autre dans sa dignité. Et c'est interdit pas nos lois relatives à l'espace et au service du public et réprouvé par nos coutumes. Pratiquez donc votre religion en respectant celles des autres ainsi que les traditions qui sont les leurs, sans imposer de force ou de manière détournée les vôtres.
En un mot "ne réveillez pas le dragon qui dort".
et ainsi que nous l'enseignent les trois voeux maçonniques qui clôturent chacune de nos réunions pour que :
- l'amour soit entre les hommes,
- la paix règne sur terre,
- la joie soit dans les coeurs,
que
- la Sagesse, dont vous détenez vous aussi une part, préside à l'édification du pays commun,
- la Force de vos bras, de votre intelligence, le soutienne,
- la Beauté de vos moeurs et de votre humanité l'orne.
Nous saluons vos pères et vos parents, et les pères et les parents de ceux venus de plus loin, de ce qu'on appelait "les colonies" ou les "territoires", qui ont servi ou qui servent la France avec honneur parce qu'ils se sentent ou se sentaient Français, parce qu'ils veulent ou voulaient, eux aussi, ce bien suprême que le Créateur à donné à tous les hommes contre toutes les soumissions : "la Liberté".
"Liberté qui s'arrête là où commence celle de l'autre" ainsi que les pères des Lumières l'ont enseigné.
Permettez-moi, chers amis Mohamed et Aïcha, venus comme beaucoup d'autres d'Algérie ou d'Afrique du Nord, une note personnelle. Sachez que j'embrasse votre terre d'origine avec affection, que je respecte le sang de vos martyrs mais sans que je sois oublieux de celui de mes camarades tombés, eux aussi, en fidélité à leur devoir.
Emmanuel
18:25 Publié dans D2 - Points de vue maçonnique sur la société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : catholicisme, islamisme, chrétienté, islam, lumières, humanisme, franc-maçonnerie, tolérance, respect de l'autre, lettre ouverte