17/11/2015
Lettre ouverte au monde musulman
Quelques jours après les attentats qui ont endeuillé Paris, la France et le Monde entier... alors que de nombreux discours, d'écrits, de posts... tendent à jeter le discrédit sur la religion musulmane nous pensons faire oeuvre utile en reproduisant ci-dessous le très beau texte d'un penseur musulman.
Puisse-t-il inspirer tous nos lecteurs et bien au delà pour que s'établisse enfin sur notre monde le règne de l'Amour, de la Paix et de la Joie d'être ensemble dans nos diversités.
Source : http://quebec.huffingtonpost.ca/abdenno ... 91640.html
d'Abdennour Bidar
(Philosophe spécialiste des évolutions contemporaines de l'islam et des théories de la sécularisation et post-sécularisation).
Cher monde musulman, je suis un de tes fils éloignés qui te regarde du dehors et de loin - de ce pays de France où tant de tes enfants vivent aujourd'hui. Je te regarde avec mes yeux sévères de philosophe nourri depuis son enfance par le taçawwuf (soufisme) et par la pensée occidentale. Je te regarde donc à partir de ma position de barzakh, d'isthme entre les deux mers de l'Orient et de l'Occident!
Et qu'est-ce que je vois ? Qu'est-ce que je vois mieux que d'autres sans doute parce que justement je te regarde de loin, avec le recul de la distance ? Je te vois toi, dans un état de misère et de souffrance qui me rend infiniment triste, mais qui rend encore plus sévère mon jugement de philosophe ! Car je te vois en train d'enfanter un monstre qui prétend se nommer État islamique et auquel certains préfèrent donner un nom de démon : DAESH. Mais le pire est que je te vois te perdre - perdre ton temps et ton honneur - dans le refus de reconnaître que ce monstre est né de toi, de tes errances, de tes contradictions, de ton écartèlement interminable entre passé et présent, de ton incapacité trop durable à trouver ta place dans la civilisation humaine.
Que dis-tu en effet face à ce monstre ? Quel est ton unique discours ? Tu cries « Ce n'est pas moi ! », « Ce n'est pas l'islam ! ». Tu refuses que les crimes de ce monstre soient commis en ton nom (hashtag #NotInMyName). Tu t'indignes devant une telle monstruosité, tu t'insurges aussi que le monstre usurpe ton identité, et bien sûr tu as raison de le faire. Il est indispensable qu'à la face du monde tu proclames ainsi, haut et fort, que l'islam dénonce la barbarie. Mais c'est tout à fait insuffisant ! Car tu te réfugies dans le réflexe de l'autodéfense sans assumer aussi, et surtout, la responsabilité de l'autocritique. Tu te contentes de t'indigner, alors que ce moment historique aurait été une si formidable occasion de te remettre en question ! Et comme d'habitude, tu accuses au lieu de prendre ta propre responsabilité : « Arrêtez, vous les occidentaux, et vous tous les ennemis de l'islam de nous associer à ce monstre ! Le terrorisme, ce n'est pas l'islam, le vrai islam, le bon islam qui ne veut pas dire la guerre, mais la paix! »
J'entends ce cri de révolte qui monte en toi, ô mon cher monde musulman, et je le comprends. Oui tu as raison, comme chacune des autres grandes inspirations sacrées du monde l'islam a créé tout au long de son histoire de la Beauté, de la Justice, du Sens, du Bien, et il a puissamment éclairé l'être humain sur le chemin du mystère de l'existence... Je me bats ici en Occident, dans chacun de mes livres, pour que cette sagesse de l'islam et de toutes les religions ne soit pas oubliée ni méprisée ! Mais de ma position lointaine, je vois aussi autre chose - que tu ne sais pas voir ou que tu ne veux pas voir... Et cela m'inspire une question, LA grande question : pourquoi ce monstre t'a-t-il volé ton visage ? Pourquoi ce monstre ignoble a-t-il choisi ton visage et pas un autre ? Pourquoi a-t-il pris le masque de l'islam et pas un autre masque ? C'est qu'en réalité derrière cette image du monstre se cache un immense problème, que tu ne sembles pas prêt à regarder en face. Il le faut bien pourtant, il faut que tu en aies le courage.
Ce problème est celui des racines du mal. D'où viennent les crimes de ce soi-disant « État islamique » ? Je vais te le dire, mon ami. Et cela ne va pas te faire plaisir, mais c'est mon devoir de philosophe. Les racines de ce mal qui te vole aujourd'hui ton visage sont en toi-même, le monstre est sorti de ton propre ventre, le cancer est dans ton propre corps. Et de ton ventre malade, il sortira dans le futur autant de nouveaux monstres - pires encore que celui-ci - aussi longtemps que tu refuseras de regarder cette vérité en face, aussi longtemps que tu tarderas à l'admettre et à attaquer enfin cette racine du mal !
Même les intellectuels occidentaux, quand je leur dis cela, ont de la difficulté à le voir : pour la plupart, ils ont tellement oublié ce qu'est la puissance de la religion - en bien et en mal, sur la vie et sur la mort - qu'ils me disent « Non le problème du monde musulman n'est pas l'islam, pas la religion, mais la politique, l'histoire, l'économie, etc. ». Ils vivent dans des sociétés si sécularisées qu'ils ne se souviennent plus du tout que la religion peut être le cœur du réacteur d'une civilisation humaine ! Et que l'avenir de l'humanité passera demain non pas seulement par la résolution de la crise financière et économique, mais de façon bien plus essentielle par la résolution de la crise spirituelle sans précédent que traverse notre humanité toute entière ! Saurons-nous tous nous rassembler, à l'échelle de la planète, pour affronter ce défi fondamental ? La nature spirituelle de l'homme a horreur du vide, et si elle ne trouve rien de nouveau pour le remplir elle le fera demain avec des religions toujours plus inadaptées au présent - et qui comme l'islam actuellement se mettront alors à produire des monstres.
Je vois en toi, ô monde musulman, des forces immenses prêtes à se lever pour contribuer à cet effort mondial de trouver une vie spirituelle pour le XXIe siècle ! Il y a en toi en effet, malgré la gravité de ta maladie, malgré l'étendue des ombres d'obscurantisme qui veulent te recouvrir tout entier, une multitude extraordinaire de femmes et d'hommes qui sont prêts à réformer l'islam, à réinventer son génie au-delà de ses formes historiques et à participer ainsi au renouvellement complet du rapport que l'humanité entretenait jusque-là avec ses dieux ! C'est à tous ceux-là, musulmans et non musulmans qui rêvent ensemble de révolution spirituelle, que je me suis adressé dans mes livres ! Pour leur donner, avec mes mots de philosophe, confiance en ce qu'entrevoit leur espérance!
Il y a dans la Oumma (communauté des musulmans) de ces femmes et ces hommes de progrès qui portent en eux la vision du futur spirituel de l'être humain. Mais ils ne sont pas encore assez nombreux ni leur parole assez puissante. Tous ceux-là, dont je salue la lucidité et le courage, ont parfaitement vu que c'est l'état général de maladie profonde du monde musulman qui explique la naissance des monstres terroristes aux noms d'Al Qaida, Al Nostra, AQMI ou de l'«État islamique». Ils ont bien compris que ce ne sont là que les symptômes les plus graves et les plus visibles sur un immense corps malade, dont les maladies chroniques sont les suivantes: impuissance à instituer des démocraties durables dans lesquelles est reconnue comme droit moral et politique la liberté de conscience vis-à-vis des dogmes de la religion; prison morale et sociale d'une religion dogmatique, figée, et parfois totalitaire ; difficultés chroniques à améliorer la condition des femmes dans le sens de l'égalité, de la responsabilité et de la liberté; impuissance à séparer suffisamment le pouvoir politique de son contrôle par l'autorité de la religion; incapacité à instituer un respect, une tolérance et une véritable reconnaissance du pluralisme religieux et des minorités religieuses.
Tout cela serait-il donc la faute de l'Occident ? Combien de temps précieux, d'années cruciales, vas-tu perdre encore, ô cher monde musulman, avec cette accusation stupide à laquelle toi-même tu ne crois plus, et derrière laquelle tu te caches pour continuer à te mentir à toi-même ? Si je te critique aussi durement, ce n'est pas parce que je suis un philosophe « occidental », mais parce que je suis un de tes fils conscients de tout ce que tu as perdu de ta grandeur passée depuis si longtemps qu'elle est devenue un mythe !
Depuis le XVIIIe siècle en particulier, il est temps de te l'avouer enfin, tu as été incapable de répondre au défi de l'Occident. Soit tu t'es réfugié de façon infantile et mortifère dans le passé, avec la régression intolérante et obscurantiste du wahhabisme qui continue de faire des ravages presque partout à l'intérieur de tes frontières - un wahhabisme que tu répands à partir de tes lieux saints de l'Arabie Saoudite comme un cancer qui partirait de ton cœur lui-même ! Soit tu as suivi le pire de cet Occident, en produisant comme lui des nationalismes et un modernisme qui est une caricature de modernité - je veux parler de cette frénésie de consommation, ou bien encore de ce développement technologique sans cohérence avec leur archaïsme religieux qui fait de tes « élites » richissimes du Golfe seulement des victimes consentantes de la maladie désormais mondiale qu'est le culte du dieu argent.
Qu'as-tu d'admirable aujourd'hui, mon ami ? Qu'est-ce qui en toi reste digne de susciter le respect et l'admiration des autres peuples et civilisations de la Terre ? Où sont tes sages, et as-tu encore une sagesse à proposer au monde ? Où sont tes grands hommes, qui sont tes Mandela, qui sont tes Gandhi, qui sont tes Aung San Suu Kyi ? Où sont tes grands penseurs, tes intellectuels dont les livres devraient être lus dans le monde entier comme au temps où les mathématiciens et les philosophes arabes ou persans faisaient référence de l'Inde à l'Espagne ? En réalité tu es devenu si faible, si impuissant derrière la certitude que tu affiches toujours au sujet de toi-même... Tu ne sais plus du tout qui tu es ni où tu veux aller et cela te rend aussi malheureux qu'agressif... Tu t'obstines à ne pas écouter ceux qui t'appellent à changer en te libérant enfin de la domination que tu as offerte à la religion sur la vie toute entière. Tu as choisi de considérer que Mohammed était prophète et roi. Tu as choisi de définir l'islam comme religion politique, sociale, morale, devant régner comme un tyran aussi bien sur l'État que sur la vie civile, aussi bien dans la rue et dans la maison qu'à l'intérieur même de chaque conscience. Tu as choisi de croire et d'imposer que l'islam veut dire soumission alors que le Coran lui-même proclame qu'«Il n'y a pas de contrainte en religion» (La ikraha fi Dîn). Tu as fait de son Appel à la liberté l'empire de la contrainte ! Comment une civilisation peut-elle trahir à ce point son propre texte sacré ? Je dis qu'il est l'heure, dans la civilisation de l'islam, d'instituer cette liberté spirituelle - la plus sublime et difficile de toutes - à la place de toutes les lois inventées par des générations de théologiens !
De nombreuses voix que tu ne veux pas entendre s'élèvent aujourd'hui dans la Oumma pour s'insurger contre ce scandale, pour dénoncer ce tabou d'une religion autoritaire et indiscutable dont se servent ses chefs pour perpétuer indéfiniment leur domination... Au point que trop de croyants ont tellement intériorisé une culture de la soumission à la tradition et aux « maîtres de religion » (imams, muftis, shouyoukhs, etc.) qu'ils ne comprennent même pas qu'on leur parle de liberté spirituelle, et n'admettent pas qu'on ose leur parler de choix personnel vis-à-vis des « piliers » de l'islam. Tout cela constitue pour eux une « ligne rouge », quelque chose de trop sacré pour qu'ils osent donner à leur propre conscience le droit de le remettre en question ! Et il y a tant de ces familles, tant de ces sociétés musulmanes où cette confusion entre spiritualité et servitude est incrustée dans les esprits dès leur plus jeune âge, et où l'éducation spirituelle est d'une telle pauvreté que tout ce qui concerne de près ou de loin la religion reste ainsi quelque chose qui ne se discute pas!
Or cela, de toute évidence, n'est pas imposé par le terrorisme de quelques fous, par quelques troupes de fanatiques embarqués par l'État islamique. Non, ce problème-là est infiniment plus profond et infiniment plus vaste ! Mais qui le verra et le dira ? Qui veut l'entendre ? Silence là-dessus dans le monde musulman, et dans les médias occidentaux on n'entend plus que tous ces spécialistes du terrorisme qui aggravent jour après jour la myopie générale ! Il ne faut donc pas que tu t'illusionnes, ô mon ami, en croyant et en faisant croire que quand on en aura fini avec le terrorisme islamiste l'islam aura réglé ses problèmes ! Car tout ce que je viens d'évoquer - une religion tyrannique, dogmatique, littéraliste, formaliste, machiste, conservatrice, régressive - est trop souvent, pas toujours, mais trop souvent, l'islam ordinaire, l'islam quotidien, qui souffre et fait souffrir trop de consciences, l'islam de la tradition et du passé, l'islam déformé par tous ceux qui l'utilisent politiquement, l'islam qui finit encore et toujours par étouffer les Printemps arabes et la voix de toutes ses jeunesses qui demandent autre chose. Quand donc vas-tu faire enfin ta vraie révolution ? Cette révolution qui dans les sociétés et les consciences fera rimer définitivement religion et liberté, cette révolution sans retour qui prendra acte que la religion est devenue un fait social parmi d'autres partout dans le monde, et que ses droits exorbitants n'ont plus aucune légitimité !
Bien sûr, dans ton immense territoire, il y a des îlots de liberté spirituelle : des familles qui transmettent un islam de tolérance, de choix personnel, d'approfondissement spirituel ; des milieux sociaux où la cage de la prison religieuse s'est ouverte ou entrouverte ; des lieux où l'islam donne encore le meilleur de lui-même, c'est-à-dire une culture du partage, de l'honneur, de la recherche du savoir, et une spiritualité en quête de ce lieu sacré où l'être humain et la réalité ultime qu'on appelle Allâh se rencontrent. Il y a en Terre d'islam et partout dans les communautés musulmanes du monde des consciences fortes et libres, mais elles restent condamnées à vivre leur liberté sans assurance, sans reconnaissance d'un véritable droit, à leurs risques et périls face au contrôle communautaire ou bien même parfois face à la police religieuse. Jamais pour l'instant le droit de dire « Je choisis mon islam », « J'ai mon propre rapport à l'islam » n'a été reconnu par « l'islam officiel » des dignitaires. Ceux-là au contraire s'acharnent à imposer que « La doctrine de l'islam est unique » et que « L'obéissance aux piliers de l'islam est la seule voie droite » (sirâtou-l-moustaqîm).
Ce refus du droit à la liberté vis-à-vis de la religion est l'une de ces racines du mal dont tu souffres, ô mon cher monde musulman, l'un de ces ventres obscurs où grandissent les monstres que tu fais bondir depuis quelques années au visage effrayé du monde entier. Car cette religion de fer impose à tes sociétés tout entières une violence insoutenable. Elle enferme toujours trop de tes filles et tous tes fils dans la cage d'un Bien et d'un Mal, d'un licite (halâl) et d'un illicite (harâm) que personne ne choisit, mais que tout le monde subit. Elle emprisonne les volontés, elle conditionne les esprits, elle empêche ou entrave tout choix de vie personnel. Dans trop de tes contrées, tu associes encore la religion et la violence - contre les femmes, contre les « mauvais croyants », contre les minorités chrétiennes ou autres, contre les penseurs et les esprits libres, contre les rebelles - de telle sorte que cette religion et cette violence finissent par se confondre, chez les plus déséquilibrés et les plus fragiles de tes fils, dans la monstruosité du jihad !
Alors, ne t'étonne donc pas, ne fais plus semblant de t'étonner, je t'en prie, que des démons tels que le soi-disant État islamique t'aient pris ton visage ! Car les monstres et les démons ne volent que les visages qui sont déjà déformés par trop de grimaces ! Et si tu veux savoir comment ne plus enfanter de tels monstres, je vais te le dire. C'est simple et très difficile à la fois. Il faut que tu commences par réformer toute l'éducation que tu donnes à tes enfants, que tu réformes chacune de tes écoles, chacun de tes lieux de savoir et de pouvoir. Que tu les réformes pour les diriger selon des principes universels (même si tu n'es pas le seul à les transgresser ou à persister dans leur ignorance) : la liberté de conscience, la démocratie, la tolérance et le droit de cité pour toute la diversité des visions du monde et des croyances, l'égalité des sexes et l'émancipation des femmes de toute tutelle masculine, la réflexion et la culture critique du religieux dans les universités, la littérature, les médias. Tu ne peux plus reculer, tu ne peux plus faire moins que tout cela ! Tu ne peux plus faire moins que ta révolution spirituelle la plus complète ! C'est le seul moyen pour toi de ne plus enfanter de tels monstres, et si tu ne le fais pas tu seras bientôt dévasté par leur puissance de destruction. Quand tu auras mené à bien cette tâche colossale - au lieu de te réfugier encore et toujours dans la mauvaise foi et l'aveuglement volontaire, alors plus aucun monstre abject ne pourra plus venir te voler ton visage.
Cher monde musulman... Je ne suis qu'un philosophe, et comme d'habitude certains diront que le philosophe est un hérétique. Je ne cherche pourtant qu'à faire resplendir à nouveau la lumière - c'est le nom que tu m'as donné qui me le commande, Abdennour, « Serviteur de la Lumière ».
Je n'aurais pas été si sévère dans cette lettre si je ne croyais pas en toi. Comme on dit en français: «Qui aime bien châtie bien». Et au contraire tous ceux qui aujourd'hui ne sont pas assez sévères avec toi - qui te trouvent toujours des excuses, qui veulent faire de toi une victime, ou qui ne voient pas ta responsabilité dans ce qui t'arrive - tous ceux-là en réalité ne te rendent pas service ! Je crois en toi, je crois en ta contribution à faire demain de notre planète un univers à la fois plus humain et plus spirituel ! Salâm, que la paix soit sur toi.
Merci Monsieur.
23:21 Publié dans Z0 - Brèves - Actu chaude ou froide | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : religion, politique, islam, islamisme, terrorisme, violence
17/12/2009
Identité nationale???
Un de nos correspondants nous adresse ce billet qui fut sa contribution sur le site ministériel du débat sur l'identité nationnale. Nous le publions in-extenso car il nous parait refléter une vraie interrogation qui dépasse les clivages politico-ethnico-religieux de ces débats.
Notre ami manie un peu le bâton mais infiniment moins que beaucoup d'autres la mâchoire d'âne.
Je ne sais pas ce que veulent dire ces deux mots "identité nationale".
Si j'étais né sur la lune je suppose que je dirais que je suis lunien ou lunais ou lunatique??? Que j'en aurais appris la langue en même temps que j'y suçais le lait de ma mère venue p.e de Vénus et de mes chahuts avec mon père né sur la lune de parents terriens. J'aurais connu des frères et des soeurs. J'aurais passé des vacances chez mes grands-parents du côté où on voit la terre. J'aurais aimé la lune et p.e un peu aussi la Terre et Vénus. J'aurais eu des copains et des copines venus comme moi de n'importe où.
Oui mais voilà je suis né en France depuis 1146, d'origine angevine (donc p.e un peu arabe) et germanique, je me suis marié avec des filles de familles belges, prussiennes, anglaises, espagnoles mais aussi avec quelques bourgeoises bien dotées. J'ai combattu avec les Templiers parce que "Dieu le veut" et aussi pour le roi de France et de Prusse. Contre l'Anglais. Plus tard avec Stanislas. Plus tard encore avec les Volontaires pour la Liberté, l'Egalité et la Fraternité et pour la Patrie, et puis vers Moscou et son terrible hiver, encore à Sedan avec l'empereur IIIème, contre l'Allemand qui nous avait pris l'Alsace et la Lorraine, et encore contre les nazis avec des hommes venus de par toute la terre pour que vive la Liberté contre l'oppression. Et encore en Indochine, en Algérie. Je suis mort pour la France partout où mon devoir m'a conduit. Mes ancêtres ont construit Chartres et Notre-Dame, Versailles et le Louvre... Il furent grands propriétaires terriens, maréchaux de France, généraux, parlementaires, juges, grands commis de l'état, artisans, simples ouvriers, simples soldats . Et moi j'ai été ingénieur et j'ai participé aux "trente glorieuses" qui ont façonnées la France d'aujourd'hui. Mon père était cheminot et syndicaliste connu, ma mère était femme au foyer. J'ai reçu une éducation religieuse catholique mais je suis un produit de la laïque. J'ai abandonné l'église romaine mais je suis resté chrétien parce que le Christ a dit qu'il faut être connaissant car la connaissance rend libre, qu'il faut être dans le partage car il rend égaux, qu'il faut être fraternels car nous n'avons qu'un seul père qui ne nous a donné qu'un seul sang.. J'ai croisé des milliers d'hommes sans m'arrêter à la couleur de leur peau, à leur religion, à leurs choix politiques... si quand même pour les combattre quand ils étaient extrêmes. Beaucoup m'ont donné leur confiance je me suis efforcé de ne pas les décevoir. J'ai fait mon devoir d'homme auprès de ma famille tout en servant au mieux le pays qui m'a vu naître. J'ai même été un peu élu municipal et candidat écologiste après avoir été durant plusieurs années président d'une association locale de défense de l'environnement. Je vote par mémoire de nos anciens qui se sont battus pour ce droit et pour exprimer mes choix. Plutôt à gauche mais parfois aussi à droite. Pour celui qui me parait le meilleur même si ses choix politiques ne sont pas forcément les miens. Je me désole quand je vois mon pays se disperser en combats stériles et je me réjouis de ses succès...
Est-cela qui fonde mon sentiment d'appartenance? Et si j'étais né noir, ou "bronzé" et que j'ai été obligé de m'expatrier en France qu'est-ce qui ferait que j'aimerais ce pays? Devrais-je l'aimer en reniant la terre de ma naissance? Aimerais-je la France parce qu'on peut y faire ce qu'on veut ou presque, et même lui cracher à la face, mépriser ses lois et ses coutumes, lui imposer des lois iniques dont nous avons mis des siècles à nous départir? Parce que c'est un pays riche et assez généreux? Parce qu'avec un peu de chance, où même sans elle, on n'y est moins malheureux qu'ailleurs où l'on manque de tout? Qu'on peut à peu près y manger à sa faim sous un toit - enfin malheureusement pas tous ?...
Au fait, monsieur le Ministre, puisque vous m'en donnez l'occasion, à qui faut-il botter le cul pour qu'en mon pays, la France, terre de mes ancêtres qui se sont battus militairement et civilement pour la Liberté, l'Egalité, la Fraternité, on ne meure pas de froid, on mange à sa faim tous les jours, on ait un boulot digne, on puisse donner à ses enfants une éducation pour l'avenir, où les malfrats petits et grands ne font pas la loi dans la rue et les quartiers, où les extrêmes religieux n'emmerdent pas les 85% de français qui croient un peu ou pas du tout ou autrement, où les petites entreprises, premier employeur de France dit-on, qui ne délocalisent pas, payent 38% d'impôts BIC alors que les grandes entreprises n'en payent que 8%, où les banques jonglent avec nos milliards en toute impunité alors que l'investissement productif piétine, que la recherche manque de crédits, que les entreprises enracinées en France manquent de fonds propres, où l'on fait appel à la charité du public là où la solidarité publique devrait agir, où syndicats et patronat sont incapables d'un dialogue minimum pendant que les usagers galèrent ?...
Dois-je continuer, monsieur le Ministre? Ou reposer ma question?
A qui faut-il botter les fesses pour que le schmilblick avance?
Qu'attendez-vous pour le faire avant qu'on s'intéresse aux Vôtres?
A chacun de se faire une idée.
18:38 Publié dans Z0 - Brèves - Actu chaude ou froide | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : identité nationale, débat, être français, religion, politique
08/03/2008
La Franc-Maçonnerie assassinée
Sous réserve de confirmation :
Le Grand Maître de la Grande Loge Régulière du Vénézuéla qui venait d'être réélu dans ses fonctions aurait été assassiné dans la nuit du 4 au 5 mars 2008. Des rumeurs font état d'un crime crapuleux. Mais d'autres sources fiables font état du fait qu'il se serait opposé à l'entrée en maçonnerie de personnages douteux proches du pouvoir vénézuélien.
Gémissons et espèrons.
Nonobstant l'incertitude nous présentons à sa famille, à ses proches et à nos frères nos condoléances attristées.
Emmanuel
19:50 Publié dans C0- Antimaçonnisme | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : antimaçonnisme, politique, religions, amérique du sud, franc-maçonnerie
06/03/2008
Un site dangereux
Dans un commentaire récent d'un de nos articles sur l'abbé Barruel un correspondant nous a écrit ceci :
---------------------------------------------------------------------------
Bonjour,
Voici ci-dessous le lien vers une étude intéressante sur l'anti-maçonnisme laique:
http://amveat.free.fr/l_anti_maconnisme_laique_114.htm
Cordialement,
Amveat
---------------------------------------------------------------------------
Après avoir parcouru le site indiqué nous nous sommes convaincu que celui-ci en cache un autre où les thèses du FN antichrétiennes, antireligieuses, liberticides et xénophobes... se développent à l'envi sous prétexte d'athéisme militant.
Il va sans dire que nous sommes aux antipodes de telles prises de positions. Une fois encore la FM est un Ordre traditionnel, initiatique, laïc, d'origine chrétienne même si pour les franges dures du christianisme nous sommes le diable en personne. Si, pour l'Europe, l'église catholique voulait bien comparer nos thèses avec celles qui sont développées par le site proposé par le pseudo-nommé AMVEAT elle verrait où se trouvent ses véritables ennemis.
Pour nous, et même si nous sommes critiques vis à vis des religions et particulièrement du cléricalisme catholique, nous affirmons, comme l'ont fait avant nous tous nos Vieux Maîtres :
".../... l'existence d'un Principe Créateur sous le nom de Grand Architecte de l'Univers. Créateur qui a donné à l'homme le bien le plus précieux qui soit : LA LIBERTE. Liberté qu'aucun pouvoir n'a le droit d'éteindre ou d'amortir. Liberté d'où sont issus tous les sentiments qui sont l'honneur de l'homme et de l'humanité.../...".
Nous ne pouvons donc que dénoncer l'anti-maçonnisme réel de ce site, les mythes et dérives pangermaniques* qui le sous tendent, ainsi que le grand danger qu'ils représentent pour la démocratie, la laïcité, les libertés, les droits de l'homme... pour les religions même et leurs membres sincères et respectueux d'autrui et des lois.
*Le pangermanisme : Un peuple a besoin de terre pour son activité, de terre pour son alimentation. Aucun peuple n'en a autant besoin que le peuple allemand qui se multiplie si rapidement, et dont le vieil habitat est devenu dangereusement étroit. Si nous n'acquérons pas bientôt de nouveaux territoires, nous irons inévitablement à une effrayante catastrophe (Ndlr : soit expansionnisme extérieur et son corrollaire intérieur la xénophobie nationaliste). Que ce soit au Brésil, en Sibérie, en Anatolie ou dans le sud de l'Afrique, peu importe, pourvu que nous puissions de nouveau nous mouvoir en toute liberté et fraîche énergie, pourvu que nous puissions à nouveau offrir à nos enfants de la lumière et de l'air d'excellente qualité en quantité abondante. La question des indigènes doit être résolue uniquement dans le sens de l'évolution naturelle de l'histoire universelle, c'est-à-dire que la moralité supérieure (Ndlr : comprendre "la race supérieure") doit avoir le pas sur la civilisation inférieure. L'État moderne, en tant que puissance coloniale, commet vis-à-vis de ses sujets le plus grand des crimes, lorsque se laissant hypnotiser et dominer par de confuses idées humanitaires, il épargne aux dépens de ses propres nationaux des races nègres vouées à disparaître (Ndlr : tout est dit). Wirth cité par Préclin et Renouvin, L'Epoque contemporaine, P.U.F. et Discours de Kopsch au Reichstag.
A propos de la FM on lira avec intérêt la page "Projet"
http://amveat.free.fr/projet_d_un_nouveau_courant_politiq...
14:50 Publié dans C6- Antimaçonnisme laïc (politique...) | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : antimaçonnisme, politique, religion, christianisme, catholiscisme, europe, franc-maçonnerie
18/04/2007
On pourrait les croire intelligents
http://www.liberation.fr/actualite/societe/248055.FR.php
Et ça se passe de commentaire!!! L'esprit de vichy pas mort.
14:45 Publié dans C6- Antimaçonnisme laïc (politique...) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : antimaçonnisme, politique, religion, police, administration