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24/03/2006

Franc-Maçonnerie - Compagnonnage - Ne pas confondre

Nous attirons l'attention de nos lecteur sur la nécessité qu'il y a de ne pas confondre la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage.

On trouvera bien sûr des symboles communs (l'équerre, le compas, la corde à noeuds....). On pourra même trouver des parcours communs : tel Compagnon devenu FM. Même des histoires communes : participation de FM et de Compagnons à certains événements historiques. Voire des traces d'origines communes (légendaires...) ou des rites plus ou moins communs.

Il n'en demeure pas moins que ces deux organisations sont étrangères l'une à l'autre. Par le vivier de population au sein duquel elles recrutent (des jeunes en apprentissage dans le Compagnonnage, des hommes installés dans la vie pour la FM). Par les pratiques (le Compagnonnage est une école de métier destinée à former des hommes de métier... et les meilleurs qui soient, la FM est une "école à penser" (et/ou à pensée) qui vise l'excellence dans la vie (c'est peut être son seul point commun avec le Compagnonnage). Par les moyens (dans le Compagnonnage l'initiation s'acquiert par le "métier" qui constitue le Devoir par excellence, dans la FM l'initiation s'acquiert par l'étude "spéculative" des symboles, des rites, des idées, la pratique des vertus...).

Qu'on ne se méprenne pas! Ce n'est pas parce que les Compagnons sont des "opératifs" appliqués au "métier" qu'ils ne sont pas aussi des hommes de réflexion, des chercheurs de sens. Ce n'est pas parce que les FM sont des "spéculatifs" qu'ils ne sont pas aussi des hommes de métier, de l'art, dans leur domaine.

Alors laissons le Compagnonnage aux Compagnons et la Franc-Maçonnerie aux Francs-Maçons. Dans le respect mutuel. Dans l'affection fraternelle. Et surtout, quelle que soit l'opinion de l'un ou de l'une sur l'autre, ne donnons pas à l'antimaçonnisme le plaisir de nous diviser.

Nous avons encore, les uns et les autres, à participer à la construction du monde à venir, à l'édification de lieux où souffle l'Esprit, à l'élévation d'hommes libres et de bonnes moeurs.

Emmanuel    

20/03/2006

Rendons justice

Rendons justice à l'un de nos détracteurs pour avoir introduit un peu de prudence dans l'un de ses exposés.

A propos des "Illuminés de Bavière", prétenduement secte maçonnique, le rédacteur de la Famille Saint Joseph a  écrit : "... Il (NB : le grand maître fondateur autoproclamé Weishaupt) se brouilla avec ses plus fidèles collaborateurs, le juge Zwack et le baron von Knigge ; il éveilla la méfiance de la Loge franc-maçonne de stricte observance qu’il s’était affiliée en vue de noyauter la franc-maçonnerie.../... L’ouvrage de l’Abbé Barruel**, "Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme" (1797-1798) va contribuer à la mythologisation des "Illuminés de Bavière", accusés d’avoir préparé, suscité et organisé la Révolution française. De là naîtra la théorie du complot maçonnique - ou judéo-maçonnique - qui donnera naissance dans les années 1920, à la diffusion du fameux « Protocole des sages de Sion...".

http://www.final-age.net/Illuminati-Les-illumines-de.html

Il est assez rare qu'un clerc, parlant de Franc-Maçonnerie ou de l'une des sectes qui lui sont faussement attribuées, fasse preuve de retenue. Qu'il en soit donc remercié.

De cette brêve citation il est possible de tirer deux conclusions provisoires :

- Il n'est donc pas aussi facile que ça de nous noyauter et encore moins de nous embarquer vers des destinations où nous n'avons pas vocation d'aller.

- Voilà clairement posée, par la citation de l'ouvrage de l'Abbé Barruel, l'origine de la théorie du complot maçonnique, ou judéo-maçonnique, et de la diffusion ultérieure des "Protocoles des Sages de Sion" qui ne sont rien d'autre, comme les divagations de Barruel et de son successeur Taxil**, qu'une fumisterie grotesque.

**Barruel et Taxil sont deux auteurs antimaçonniques sur lesquels nous allons revenir prochainement. 

17/03/2006

De l'antisémitisme à l'antimaçonnisme

Aux sources de l'antimaçonnisme religieux et politique

"Déicide"! L'horrible accusation, lancée par l'Eglise contre le peuple juif, court le monde depuis des siècles. Et depuis des siècles, d'Encycliques en Protocoles des Sages de Sion et autres divagations allumées, elle (l'accusation) alimente l'antisémitisme, le racisme, le phantasme de complot internationaliste, celui du complot judéo-maçonnique et bien d'autres qui ont notamment donné naissance à la barbarie nazie et, de nos jours, alimenté la folie meurtrière du Proche-Orient.

Sans entrer dans la masse des détails historiques on peut considérer que cette accusation fut lancée au début du 10ème siècle afin de servir de justification à l'une des premières croisades. Elle fut ensuite souvent reprise pour donner un "ennemi" déclaré aux peuples écrasés par les pouvoirs civils et religieux. Il n'y a pas si longtemps qu'on pouvait encore lire dans un missel de l'Eglise catholique cette phrase "Prions aussi pour les perfides juifs afin que le Seigneur notre Dieu enlève le voile de dessus leur coeur et qu'ils reconnaissent avec nous N.S J-C", "Seigneur ne refusez pas votre miséricorde même aux juifs perfides..." (en italique dans le texte - Oraisons du Vendredi Saint - Missel Vespéral Dom Lefebvre - Imprimatur 1922).

Dans le Royaume de France, dès le moyen-Age, les juifs furent contraints de porter la "rouelle safranée" (ou jaune). Lorsque cette couleur désigne le métal "or" elle prend le sens de noble, de royal, de droit... Mais lorsqu'elle ne désigne que la couleur ou le métalloïde "soufre" elle est alors signe d'indignité, de bassesse. Le soufre est un métalloïde (métal non achevé) qui par sa nature intermédiaire est à la fois corrompu et corrupteur. C'est assez qualifier celui qui porte cette couleur "soufre" et qui en a de fait l'odeur. De nos jours encore ne dit-on pas "un jaune" pour qualifier un briseur de grève accusé d'être complice des patrons. Mais phonétiquement "soufre" est proche de "souffre" (souffrir, souffrance...). De même que "rouelle" peut s'entendre "rouez-le" ou "roué-l'est". La "rouelle safranée" peut donc s'entendre "roué l'est safrané" (fourbe le bazané) ou "rouez-le souffre" qui n'est rien d'autre qu'un appel à la vaindicte publique (battez-le pour qu'il souffre (comme il a fait souffrir le Christ)). L'étoile jaune de la dernière guerre n'avait pas d'autre sens auquel elle ajoutait cependant (mais sans la montrer explicitement) la Croix Gammée ou Svastika involutive qui disait assez le sort que le régime nazi réservait aux juifs par le moyen de la "roue du feu".  

A bien y regarder, pour une personne mal intentionnée, cette accusation serait déjà présente dans les Evangiles qui disent "Quant à Jésus il le livra à leur bon plaisir" (Luc c23-v24), "Alors il (Pilate) leur livra pour être crucifié" (Jean 2 c19-v16)... Ceux à qui Jésus est ainsi livré sont les Grands Prêtres de la religion hébraïque et par extension tout le peuple juif. La description du personnage de Judas, le traître, le comploteur, l'avaricieux, l'envieux, la bête immonde qui agit dans l'ombre dresse le personnage du juif manipulateur et cupide. Même le reniement de Pierre pourrait faire du juif un être sur lequel on ne peut pas compter, toujours prêt à trahir ses amis.

Avant même cela, dans l'Empire Romain, Cicéron (vers 59 avant JC) nous fait une belle démonstration d'antisémitisme "les juifs... un peuple ennemi... une religion, une superstition barbare, incompatible avec l'éclat de l'empire, la majesté du nom, les institutions de nos ancêtres.." et de fixation conspirationniste (les juifs étaient du parti de César contre celui des aristocrates auquel se rattachait Cicéron) dans ses défenses relatives au procès de Lucius Flaccus considéré aujourd'hui comme une mauvaise cause. Avant lui encore l'un de ses maîtres, Appollonius Molon, avait écrit un traité contre les juifs athées, lâches...

Et c'est ce type de discours, des milliers de fois répété, qui va alimenter l'antisémitisme occidental et l'obsession du complot qui se répandra dans toutes les directions du monde et franchira l'obstacle des siècles.

Ici nous ne pouvons mieux faire que de donner un extrait du blog de Pierre Bilger citant un ouvrage de "... Frédéric Charpier, chez Bourin Editeur, consacré à L'obsession du complot mettant en lumière la manière dont le mythe conspirationniste naît, se développe, s’amplifie et s’incruste dans l’inconscient collectif sans que, la plupart du temps, même les évidences les plus criantes puissent y mettre fin. Le propos de l’auteur est d’analyser et de démonter de manière chronologique et documentée les épisodes les plus marquants de la saga conspirationniste qu’il fait commencer à la fin du dix huitième siècle à Londres avec la première théorie du complot de l’abbé Baruel qui révèle que la Révolution française" n‘est que le succès d’une machination infernale orchestrée par des sociétés secrètes(...) et n’est le fruit ni du hasard ni de l’improvisation". Franc-maçons, juifs, ploutocrates, papistes, communistes, complexe militaro-industriel et j’en passe, sont autant, tour à tour, d’inspirateurs et d’acteurs de ces complots auxquels l’imagination conspirationniste attribue la responsabilité directe de beaucoup de grands évènements de l’histoire. Depuis l’exécution de Louis XVI jusqu’aux disparitions de Pierre Bérégovoy et de la princesse Diana en passant par l’assassinat de John Kennedy et le 11 septembre, les circonstances de la plupart des grands évènements tragiques de l’histoire trouvent ainsi des explications d’apparence simple et cohérente auxquelles leur large diffusion assure au fil du temps un enracinement face auquel les efforts de ceux qui veulent rétablir périodiquement la réalité des faits ne peuvent être que vains et désespérés. La conclusion de Frédéric Charpier est désabusée : "La crédulité, la superficialité et l’ignorance semblent devenues irrésistibles alors que les mutations du monde restent encore inexpliquées et à analyser. Or, comme l’écrit Hoftstadter, les théories du complot ne surgissent jamais inopinément. Destinées aux « esprits superficiels et paresseux », elles bourgeonnent lors de séquences historiques troublées ayant suscité une « grande anxiété » et prolifèrent sur la peur et l’incompréhension. Guerre, épidémie, disette, émigration, crise économique, monétaire ou sociale, révolution, assassinat à forte valeur symbolique, autant d’évènements dont on ne saisit pas toujours d’emblée les causes et auxquels on a souvent du mal à se résigner. La plupart des théories conspirationnistes naissent dans ces moments singuliers et tourmentés. Il faut donc s’en méfier, les repérer et les considérer pour ce qu’elles sont. Car au-delà de leur caractère symptomatique, elles ne constituent qu’un exutoire en trompe-l’œil. Elles dénaturent davantage les problèmes qu’elles n’aident à les comprendre. Elles n’apportent pas plus de solution qu’elles ne résolvent d’énigmes".
La résistance des théories conspirationnistes à l’évidence des faits confirme de manière extrême que rendre accessible au public une présentation honnête de la manière dont tel ou tel épisode, quelle qu’en soit la nature, s’est déroulé et compter que le temps permette à l’opinion de le regarder avec plus de sérénité et d’objectivité sont probablement illusoires. En effet la désinformation laisse des traces dans la mémoire et les archives et continue à influencer la perception de ceux qui s’y réfèrent à nouveau sans avoir la volonté ou l’opportunité de le réexaminer en profondeur. Un deuxième livre, à travers la manière dont un épisode qui m’intéresse personnellement est évoqué, m’a confirmé dans cette opinion...". (http://www.blogbilger.com/blogbilger/2005/09/calomnie.htm...)

Ce ne sont malheureusement pas les démonstrations de "repentance" qui y changent quoi que ce soit, tant ces idées, mille fois reprises, sont imprégnées dans les esprits insécurisés et abêtis de notre époque. Dans un post précédent nous avons analysé le contenu des Encycliques papales. Mais de nombreux autres textes parurent sur ce même thème de l'antisémitisme, du conspirationnisme, de l'antimaçonnisme.

"... En Italie et en France, les principaux propagateurs des "Protocoles des Sages de Sion" furent des prêtres. Mgr Umberto Benigni qui lanca une croisade antisémite. Il publia en 1921 la première édition italienne des Protocoles en même temps qu'un autre prêtre défroqué, Giovanni Preziosi, sortait sa propre édition. En France, le Père Jouin fut l’un des plus connus des représentants de l’antisémitisme. Directeur d’un périodique spécialisé dans la dénonciation de complots imaginaires (Revue internationale des sociétés secrètes), fondé en 1912, il publia une traduction française des Protocoles. Il était en outre l’auteur de l’ouvrage Le péril judéo-maçonnique et revendiquait l’´honneur d’être l’inventeur de l’épithète "judéo-maçonnique". Elevé à la prélature par le pape Benoit XV, il fut ensuite reçu en audience privée par Pie XI, qui le nomma protonotaire apostolique avec le titre de monseigneur. En 1797, l’abbé Augustin Barruel, dans ses "Mémoires pour servir l’histoire du jacobinisme", explique la Révolution de 17879 par l’action secrète et conjuguée des francs-maçons, des juifs et des sociétés secrètes, pour détruire les nations. "Le juif du Talmud" par le Père Auguste Rohling. "Francs-maçons et juifs (1880)" et "Les juifs nos maîtres (1882)" de l’abbé Chabauty . En 1891, le Père Henri Desportes publia un livre "Tué par les juifs" sur de prétendus meurtres rituels. De Mgr Léon Meurin "La franc-maçonnerie, synagogue de Satan (1893)". En 1905, le traditionaliste Isidore Bertrand sortait "La franc-maçonnerie, secte juive". Postérieurement aux Protocoles, il faut mentionner le Manuel de sociologie catholique (rééd. 1927) du R. P. Albéric Belliot. Plus récemment, Les derniers temps avant la fin du monde (1965) de l’abbé Jean Boyer, dans lequel l’auteur reproduit en annexe le texte des Protocoles des Sages de Sion. A cette énumération, qui n’a – de loin – pas la prétention d’être exhaustive, il faut aussi ajouter les textes férocement antisémites du Père Vincent Bailly, directeur de La Croix et ceux du virulent directeur de l’Univers Louis Veuillot...". Extraits du site http://www.librepensee.ch/Art_49_LP_127.htm 

Nous y ajouterons le site déjà mentionné de la Famille Saint Joseph qui reprend le thème éculé des "Illumiés de Bavière" pour justifier son antimaçonnisme.

Avant d'aborder "Les Protocoles des Sages de Sion", toujours abondamment diffusés sur Internet et qui, rappelons-le, figurent dans la Charte du Hamas aussi bien que dans les manuels scolaires de plusieurs pays arabes, que dans toutes les bonnes feuilles de divers mouvements politiques d'extrême droite ou d'extrême gauche, arrivons-en au fameux Abbé BARUEL cité précédemment dont on considère qu'il est à l'origine du mythe du complot judéo-maçonnique

http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-49434&...

Il aurait été un des premiers historien à dénoncer, non sans mal, les origines maçonniques et véritablement diaboliques de la révolution Française. Il démontre, suite à la découverte de documents, que la révolution a été préparée dans les loges maçonniques, et suivant les instructions secrètes d'une secte, celle des Illuminés de Bavière - Illuminati, fondée le 1° Mai 1776 par Adam Weishaupt qui prit pour nom de guerre "Spartacus". Selon Barruel le but avoué de cette secte était de "détruire la famille par la suppression du mariage, anéantir l'autorité paternelle et maternelle par la main-mise de l'état sur l'enfant, la suppression de la propriété privée par le monopole d'état et le collectivisme et au besoin par la spoliation brutale"... Et cette secte désirait "étrangler le dernier prêtre avec les boyaux du dernier roi"...

NOTE (sous toutes réserves) Selon certains auteurs Hitler en aurait été membre et Marx aurait seulement remis la même idéologie au goût du jour... Le "manifeste" aurait été commandé à Karl Marx par la Ligue des Hommes Justes, émanation des Illuminés de Bavière, devenue la Ligue des Communistes... Chaque 1er Mai commémorerait, en réalité, la date anniversaire de la fondation de la secte... Les politiciens se disant êtres des républicains JACOBINS... travailleraient pour la SECTE maçonnique... et la République serait leur façade "légale"... (chacun appréciera ces quelques lignes tirées d'un site extrêmiste droitier).

.../... A suivre



De l'antisémitisme à l'antimaçonnisme (suite 1)

.../... Suite

L'ABBE BARRUEL

Dans son célèbre et bien connu ouvrage intitulé "Mémoire pour servir à l'histoire du Jacobinisme", publié à Hambourg en 1798 chez P Fauché - libraire, l'auteur se livre d'abord à un violent réquisitoire contre "les Jacobins" (du nom de ces Clubs qui se réunissaient dans le couvent du même nom à Paris rue Saint Jacques). Selon l'auteur ces Jacobins formaient "une secte sortie toute armée des entrailles de la terre pour renverser les trônes et les autels et répandre sur toute la surface de la terre les "droits de l'homme" et que tous les hommes sont "libres et égaux"". Il leur attribue non seulement l'origine et la conduite de la Révolution française mais aussi toutes les horreurs de la guerre et des différents épisodes révolutionnaires.

D'où vient l'idée qu'il s'agit d'une secte et non d'un groupe d'hommes éclairés, formés dans les écoles chrétiennes, ou d'individus avides de pouvoir et conjurés pour l'obtenir? Il est possible que l'auteur ait joué sur la proximité des mots "Jacobins" (du nom d'un ordre religieux relevant de la règle de Saint Dominique et d'un couvent situé rue Saint Jacques; du nom également du Club révolutionnaire qui s'est par la suite réuni dans ce couvent) et "Jacobites" (du nom d'une secte hérétique du proche-orient, fondée au milieu du premier millénaire après J+C, et ne reconnaissant en celui-ci que sa nature divine; du nom également des partisans de Jacques Stuart II, soutenu par Louis XIV, qui perdit le trône d'Angleterre au profit de Guillaume d'Orange et qui finit ses jours au chateau de Saint Germain en Laye où se formèrent, en France, les premières loges maçonniques dites écossaises")? Très vite l'auteur passe de quelques hommes à une volonté de complot généralisé, étendu à toutes les nations, ourdi depuis longtemps dans le secret "il faut que les Nations sachent que leurs révolutions font partie du grand complot". Mais si "la secte" est affreuse et doit être écrasée tous les sectaires ne sont pas mauvais hommes "tuez la secte mais laissez vivre le sectaire pour qu'il se repente", "la secte peut sembler dormir mais son sommeil sera le calme des volcans", "de nouveaux désastres apprendront aux peuples que la révolution Française n'était que le commencement de la grande dissolution universelle que la secte médite".

Vient ensuite une diatribe contre les philosophes où l'on voit apparaître pour la première fois une référence aux loges maçonniques et à la secte des "Illuminatis" qui, dit-il, s'unirent pour former "la conspiration universelle des adeptes de l'impièté, de la rebellion, de l'anarchie". Après avoir dit que cette conspiration fut antique et d'essence anti-chrétienne, Barruel cite les quatre premiers sectaires en la personne de Voltaire ("jaloux de Dieu"), d'Alembert ("au coeur froid qui ne pouvait rien aimer"), FrédéricII de Prusse ("qui n'a jamais connu la religion que par ses ennemis") et Diderot ("fou de la nature"). Pour lui est anti-chrétien tout homme "qui réduit tout à sa propre raison, rejette la religion et la révélation au nom des lumières naturelles... sous prétexte de maintenir la liberté, les droits de la raison et l'égalité de ces droits en tout homme".

Il semble en fait que Barruel appuie toute sa thèse d'une secte très ancienne sur la condamnation des chrétiens par Julien l'Apostat (331 - 363), empereur romain (361 à 363), élevé dans l'Arianisme par Eusèbe de Nicomédie et George de Cappadoce. Son ouvrage de référerence s'intitule "Contre les Galiéens" (chrétiens). Il y dénonce l'attitude des sectaire du Christ qui ont fait "de la plus belle religion du monde" un instrument du pouvoir "Les saints autels n'étaient à mon regard qu'un marche pied au trône des Césars" (Vers attribués à l'empereur Constantin, premier empereur chrétien de Constantinople). Il, Julien l'Apostat, y prétend aussi qu'il y aurait un enseignement caché (Gnose) et un Christianisme très ancien auquel le Christ, les Apôtres et les tous premiers chrétiens auraient donné toute sa portée universelle. Mais qu'après eux l'enseignement se serait dévoyé. Barruel s'en prend également aux Sociniens qui, vers le milieu du 17ème siècle, prônèrent un christianisme ouvert, tolérant, réduit au seul respect des enseignement du Maître Jésus, furent des précurseurs de l'idée de laïcité, affirmèrent que Jésus était homme (Mais homme parfait récompensé par Dieu (ils récusaient donc son origine divine)). Suit de la part de Barruel un long réquistoire contre l'Encyclopédie et les Encyclopédistes en tant que moyen et agents de la conjuration contre le christianisme. Dans le procès qu'il instruit contre ce qu'il appelle "la secte des philosophes" Barruel dénonce également l'éviction des prêtres de l'enseignement public et leur remplacement par des maîtres laïcs forcément athées, libres penseurs et libertins religieux, voire sexuels. Il y accuse (déjà) une société de plaisir entièrement organisée en vue de détourner les croyants de la saine et sainte religion catholique...

En bref lorsqu'on met et correspondance les écrits de Barruel et les différentes Encycliques papales de condamnation de la FM mais aussi de la société laïque, on voit bien à quelles sources la papauté et l'épiscopat, qui utilisent les mêmes expressions, termes, mots et procédés que Barruel, sont allés puiser la matière et la manière de leurs écrits contre la FM et l'évolution des moeurs.

On retrouvera cette matière et cette manière dans d'autres écrits, tels ceux de Taxil ou des rédacteurs des Protocoles, qui font encore les choux gras de tout ce que la terre compte, encore aujourd'hui, d'extrémistes religieux et politiques.

De nos jours on les lira ou entendra encore dans les écrits ou propos de certains clercs, comme l'évêque du Puy-en-Velay, Mgr Brincart, auteur d'une interview bien connue, dans laquelle il dit que "C’est pourquoi, autant il faut combattre la franc-maçonnerie en rappelant qu’elle est une forme particulièrement nocive de "gnose" (NB : Secte affreuse, selon Barruel), autant il faut poser sur les francs-maçons un regard d’espérance (NB : Tous ne sont pas méchants, dixit Barruel), regard né d’une authentique charité (NB : Du type de celle qui conduit tout droit à l'excommunication?) , car " rien n’est impossible à Dieu". Le fait que cet évêque affirme que "la FM est une forme nocive de gnose" ne fait que prouver son ignorance totale de ce qu'elle est réellement. S'il en avait ne serait-ce qu'une petite idée cet évêque, qui se montre ici sans grande intelligence, saurait que la FM, sauf à affirmer l'existence d'un "Principe Créateur" sous le nom de "Grand Architecte de l'Univers", ne professe, dans aucun de ses degrés, aucune sorte de croyance ni aucune doctrine de "salut". Alors que c'est précisémment ce que proposent les églises chrétiennes et la plupart des religions. 

.../... à suivre