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17/10/2010

La Cité Catholique? Coincidence ou résurgence?

 AVERTISSEMENT AU LECTEUR : A la suite de la mise en cause de notre article ci-dessous sur le forum de "La Cité Catholique" et des échanges qui ont suivi, nous avons pris acte du fait de l'absence de lien entre le forum "La Cité Catholique", épinglé dans nos colonne, et la "Cité Catholique" de Jean OUSSET (Ichtus et autres dénominations). Et nous en avons informé l'équipe d'animation de ce forum par l'intermédiaire de notre frère LUCIPHOROS ainsi que de la parution du présent avertissement. Cependant, en raison du caractère parfois diffamatoire de certains propos tenus par plusieurs scripteurs de ce forum à l'égard tant des institutions de la République, de la laïcité que de la Franc-Maçonnerie et de ses membres, nous avons décidé de maintenir notre article (ci-dessous), incriminé par le Bon Seb sur le forum de la Ctité Catholique", dans sa forme actuelle.
Chacun est libre d'exprimer son opinion mais comme vient de le rappeler le pape Benoît XVI la liberté religieuse implique le respect d'autrui.
Nous savons que les organisations maçoniques et certains de leurs membres ne sont pas parfaits. Mais nous n'acceptons pas que soient toujours portées contre nous les accusations sans fondement des décénies, voire des siècles, passés. Juger de l'incompatibilité de plusieurs démarches est une chose. Insulter et calomnier sans preuve, en est une autre.
De même dans le domaine civil, s'il est juste de lutter contre l'abus de droit, la dérive des pouvoirs et des lois et il se trouvera au côté des croyants sincères de nombreux maçons pour le faire, présenter le droit à la contraception comme un droit à la luxure, la dépénalisation de l'avortement comme un droit au meutre, le droit à mourir dans la dignité comme un droit à l'euthanasie et à l'eugénisme n'est pas acceptable. Pas plus qu'il n'est acceptable de faire de la laïcité un attentat permanent au droit de croire et d'exprimer sa foi librement.

Quant aux songes de grandeurs passées... tous les régimes ont fait la preuve de leurs misères et de leurs éclats... la France elle demeure depuis que les rois et la République l'ont inscrite dans l'histoire. Et il appartient à chacun de nous de l'assumer pour ce qu'elle est en travaillant à la péréniser.

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La CITE CATHOLIQUE : Coïncidence troublante ou résurgence terrifiante?

Les lecteurs de notre blog connaissent bien le site de la CITE CATHOLIQUE http://www.cite-catholique.org que nous avons déjà plusieurs fois épinglé sur nos pages.

Ce que nos lecteurs ignorent, et que nous savions sans preuve évidente, c'est l'ensemble des liens probables de ce site avec une forme d'extrémisme catholique qui constitue une véritable "pieuvre noire", véritablement satanique, bénie et encouragée par les plus hautes instances de la catholicité romaine ennemie acharnée de la démocratie, des principes républicains et des lois qui en découlent, de la laïcité... et bien sûr de la Franc-Maçonnerie de Tradition, apparue vers 1720, héritière des Lumières autant que de l'enseignement des écoles chrétiennes.

D'abord un peu d'histoire : "La Cité Catholique", désormais dénommé "ICHTUS" après s'être paré d'autres noms, est un mouvement, né avant la seconde guerre mondiale, dans l'esprit d'un nommé Jean OUSSET très inspiré par Maurras et la pensée réactionnaire de l'église romaine incarnée, notamment dans les temps d'après guerre, par un prêtre d'origine espagnole qui fut conseiller politique proche des pires dictateurs de l'Amérique latine. Le but de cette association est "l'infiltration religieuse et politique des élites du pays afin de faire advenir "la doctrine sociale de l'église" ainsi que le règne du "Christ-roi". Christ qui a pourtant dit "que mon royaume n'est pas de ce monde"? Voire même la défense de l'occident chrétien ou le rétablissement de la monarchie dont les ridicules pantins s'agitent à la conquête du Trône de France.

Mais derrière ce qui pourrait être une noble ambition on voit se profiler la lutte acharnée menée contre l'humanisme, le modernisme et le progrès social par l'église romaine, sous couvert d'une doctrine sociale qui recommande aux pauvres de le rester et de remercier les riches, placés là par volonté divine, de leur charité (sic). Combat mené sous la houlette de ses papes depuis au moins Léon XIII en passant par PXII et aujourd'hui Benoît XVI.

Jean Ousset semble s'étre inspiré pour cette infiltration des théories marxistes de petits groupes autonomes, organisés en cellules autour de responsables politiques et religieux, pensants et agissants dans le terreau local à partir d'enseignements tirés des exercices d'Ignace de Loyola. En cela rien que de plus classique et de moins répréhensible...

Sauf que ces groupes ont tissé des réseaux qui constituent aujourd'hui une véritable internationale réactionnaire. Ces réseaux sont actuellement répandus dans tous les secteurs de la vie nationale politiques, économiques, sociaux, militaires, juridiques, éducatifs... Même l'humanitaire n'échappe pas à leur infiltration. Leurs théories sont, ainsi qu'en témoigne une grande journaliste française titrée du grand prix Albert Londres, à l'origine d'une part, de dérives graves, extrêmes droitières en contradiction absolue, osons-nous écrire "démoniaques", avec la loi d'Amour du Christianisme, et, d'autre part, d'une théorisation de la terreur physique et psychologique, de la torture comme moyens d'imposer les vues sectaires de la Cité Catholiques et derrière elles de l'église romaine. Dérives et théories dont on a vu où elles conduisent à travers les sinistres "escadrons de la mort", la pratique de la torture et les menées antidémocratiques dont certains partis et groupuscules ne sont que le paravent... Ainsi peut-on se poser beaucoup de questions quant à la neutralité des juges et autres fonctionnaires de stricte obédience catholique romaine à l'égard de leurs compères de la même mouvance?

Mais interrogeront avec juste raison nos lecteurs "quel rapport avec le site de la Cité Catholique que vous épinglez sur vos colonnes?".

Eh bien il nous apparaît que ce forum, très verrouillé, véhicule, sous couverture bien pensante, précisément toutes les thèses opposées à l'esprit d'ouverture de Vatican II..., royalistes, catholiques radicales, voire fascisantes sur fond de défense de la foi, de promotion du règne du Christ-Roi et de la doctrine sociale de l'église romaine, de la primauté sur le monde de l'occident catholique.

Ainsi des pseudos d'intervenants qu'on voit pour certains intervenir sur d'autres forums : Coeurderoy, VexillumRegis, Colonel H.Ford, Charles, Sire Lantenac qui a écrit : "Bonjour à vous amis catholiques. Je suis un préparationnaire, j'ai à peu près 21 ans, candidat à Saint Cyr, bon catholique et donc, nécessairement, royaliste légitimiste, je ne prie que pour Dieu, la France, les Français et Louis XX, et quand j'y pense, pour moi, un petit peu. Peut-être naïf mais...". Gageons que ce futur officier sera dans la droite ligne de ses prédécesseurs anti-républicains et fascisants mais néanmoins payé, comme le sont d'autres (genre CoeurdeRoy) par cet état honni par tout ce que la France compte de cathos à l'esprit obscurci par le radicalisme et les menées cléricales.

Pour approfondir cet article, nos lecteurs liront avec profit l'article consacré à Jean Ousset, celui consacré au livre de madame Marie-Monique ROBIN sur la Cité Catholique. De même il feront une recherche et une lecture très édifiante des pages internet consacrées à la Cité Catholique.

Alors le site de La Cité Catholique "coïncidence troublante ou résurgence terrifiante?"

Voltaire, franc-maçon tardif, aurait-il eu raison quand il appelait à "écraser l'infâme"?

Pour rappel il y aurait au monde entre 3 et 5 millions de Francs-Maçons face à.... environ 1 milliard de catholiques romains. Si l'on admet la théorie ABC qui veut que dans une population entre 20% des individus sont des extrémistes libéraux, 60% des libéraux +- et 20% des réactionnaires absolus on peut écrire que face à 5 millions de Francs-Maçons plutôt libéraux on ne trouve que 200 millions de catholiques romains réac...

Amis Maçons et sympathisants, libéraux, catholiques modérés, romains ou non, nous avons encore de beaux jours devant nous.

http://www.ichtus.fr/article.php3?id_article=62

http://www.sombreval.com/Des-escadrons-de-la-mort-a-la-Cite-catholique-Nelly_a194.html

http://lodgamour.blogspirit.com/archive/2010/08/27/pan-sur-le-bec-du-gourou-en-froc.html http://lodgamour.blogspirit.com/archive/2010/07/07/le-juge-le-froc-romain-et-le-chamelier-du-desert.html http://lodgamour.blogspirit.com/archive/2008/12/25/une-reponse-au-docteur-maurice-caillet.html    http://lodgamour.blogspirit.com/archive/2009/07/24/benoit-xvi-un-illuminati-au-vatican.html

Bonne lecture à tous

Ps : On notera au passage que divorcé et remarié le dr Caillet (dont nous donnons ci-dessus un lien en référence), maçon renégat et grand pourfendeur de la maçonnerie reconverti au catholicisme romain, est en infraction par rapport aux lois de l'église romaine. Mais qu'importe pour celle-ci puisque le dr Caillet lui rend service.

Ps : Il va de soi que nous ouvrirons nos colonnes aux membres de La CITE CATHOLIQUE ou autres appellations qui voudraient, en respectant les formes, nous apporter contradiction voire démenti.

Suite du sujet :

http://lodgamour.blogspirit.com/archive/2011/01/01/du-nou...

 

27/08/2010

Pan! Sur le bec du gourou en froc

Le 8 mai dernier le moine Verlinde est intervenu sur le site de La Cité Catholique et s'y est fendu d'un nouveau couplet anti-maçonnique. Cette intervention s'est déroulée dans le cadre d'entretiens organisés par ce site avec des personnalités catholiques reconnues (sic).

http://www.cite-catholique.org/viewforum.php?f=141

Nous passerons sur la biographie de ce moine un peu édulcorée par la Cité Catholique

(voir http://lodgamour.blogspirit.com/a2-_du_danger_d_ecrire_su... 

« Des armes contre-nous »)

et sur la description du site de la cité Catholique, où le ridicule le plus absolu en matière de foi ne le cède en rien à la pusillanimité de la plupart des sujets et interventions. Site que nous avons déjà épinglé pour son incapacité à accepter une autre opinion que celle des animateurs plus cathos que les cathos.

Pour en venir à l'intervention du moine précité, qui n'est pas forcément en odeur de sainteté dans la catholicité « normale » (voir notre lien ci-dessus) en voici ci-dessous le texte intégral pour la partie qui nous concerne. Texte que nous commenterons plus loin après avoir démonté le mécanisme de ses interventions.

« .../... Mon Père,

Une première question « tarte à la crème » : Pensez-vous qu'un bon catholique puisse être franc-maçon ? Comment expliquer la participation à la franc-maçonnerie de certains chrétiens notoires (comme des membres du clergé par exemple) ? Et une autre, peut-être plus « politique » : D'après vous, peut-on dire que la FM est la religion officielle de la République ? Dans quelle mesure l'idéologie maçonnique informe-t-elle le mode de pensée dominant (libéralisme)?
Merci d'avance pour vos réponses

Abbé Verlinde :

La réponse à la première question est facile: non on ne peut pas être franc maçon et chrétien, puisque la franc-maçonnerie est un mouvement initiatique, et que toute initiation est une apostasie au moins implicite.

De plus, le Magistère a toujours condamné l'appartenance à tout mouvement "secret"; en particulier la franc-maçonnerie, et ce jugement n'a pas changé après le Concile, comme le faisait remarquer le cardinal Ratzinger dans un note sur ce sujet. Adhérer à la franc-maçonnerie revient à se mettre ipso facto en dehors de la communion de l'Eglise.

Je regrette qu'un certain nombre de chrétiens se considèrent plus "sages" que le magistère et prétendent associer les deux appartenances. Je reconnais qu'il y a même des prêtres parmi eux - je veux croire que c'est dans un souci d'évangélisation. Mais je ne pense pas qu'on puisse se donner à soi-même un tel ministère.

N'oublions pas que le franc-maçon comme son nom l'indique, prétend se construire (maçon) affranchi (franc) de toute institution - y compris et à commencer par l'institution ecclésiale.
Quant à savoir dans quelle mesure la franc-maçonnerie influence la pensée contemporaine, c'est sans doute difficile à évaluer. Mais la franc-maçonnerie se félicite elle-même d'avoir été la cheville ouvrière des lois de libéralisation des moeurs qui vont à l'encontre de la morale professée par le christianisme.
La FM se défend d'être une religion, car elle prétend accomplir l'idéal de toutes les religions. Mais elle a ses dogmes, ses rites, et son "sacerdoce".../... ».

Questions « tarte à la crème » en effet mais cependant légitimes de la part de croyants sincères coincés entre une certaine fascination pour l'institution maçonnique et les interdits de l'église romaine. Eglise qui se prétend « universelle » (catholique) alors qu'elle ne représente qu'une part minoritaire de la Chrétienté. De plus nous dirons que jamais question fut imbécile ou indiscrète puisqu'il est bien connu que seules les réponses peuvent l'être. Et là le moine Verlinde nous apporte à la pelle la démonstration de son imbécillité (autre synonyme du mot ignorance).

On ne peut reprocher à cet ancien fumeur de moquette indienne son ignorance de ce qu'est réellement la maçonnerie puisqu'on ne peut la connaître (et encore) qu'en en devenant membre. Mais on peut lui reprocher son imbécillité qui est d'en parler sans savoir de quoi il parle.

Il ne fait rien en cela de plus ou de moins que ses prédécesseurs papes, clercs et ignorants de toutes sortes, depuis le pape Clément XII qui fulmina la première condamnation des Francs-Maçons en 1738.

(bulle In Eminenti.

Voir http://lodgamour.blogspirit.com/archive/2006/01/index.html /

Papales condamnations ).

Le déroulé de la pensée de l'abbé Verlinde est simple pour ne pas dire simplet.

  • Assener sous forme de vérités des affirmations sans preuve «.../... elle (la maçonnerie) a ses dogmes, ses rites, et son "sacerdoce".../... »?????? A part le mot « rite » les termes de dogmes ou de sacerdoce... n'appartiennent pas au vocabulaire maçonnique.

  • Répéter en perroquet ce qui s'est écrit en catholicité depuis 1738 sans que jamais aucune justification ne soit apportée par la catholicité romaine à ce qui alimente toutes sortes d'extrémismes plus ou moins furieux ainsi que la fameuse et toujours active accusation de « complot judéo-maçonnique ». Ou encore « .../... le Magistère a toujours condamné l'appartenance à tout mouvement "secret" .../... ».

Mais d'une certaine manière on ne peut lui reprocher d'être ainsi servile puisque de son propre aveu dire ou faire autrement que le magistère romain revient «.../... à se mettre de facto en dehors de la communion de l'église.../... ».  Il faut en effet un courage certain quand on est moine pour se mettre en contradiction avec ses hiérarchies. Et le courage n'est pas, semble-t-il, la qualité première de ce moine qui ne fait que baver sur tout ce qui n'est pas « magistère » sans craindre, par manipulation, d'être contredit. Que serait-il de plus sans son appartenance à la secte catholique? Ici nos lecteurs noteront que nous avons remplacé le « E » majuscule d'Eglise, qui convient à l'Eglise « Une, Sainte, Universelle et Apostolique » crée par le Christ, par le « e » minuscule, qui convient mieux à cette fraction sectaire et cléricale à laquelle fait référence le domestique Verlinde et dont le siège est dans le timbre poste romain,.

Nous lui rendrons cependant un point lorsqu'il dit «.../... La FM se défend d'être une religion.../... ». Ce qui est exact. Exactitude qu'il dément aussitôt par cette affirmation ridicule dans le sens qu'il lui donne pour diffamer l'institution maçonnique «.../... elle (la maçonnerie) prétend accomplir l'idéal de toutes les religions.../... ».

La maçonnerie ne prétend nullement remplacer les religions mais se propose simplement de réussir là où toutes les religions ont échoué « Etre le Centre de l'Union... entre des personnes qui eussent dû demeurer perpétuellement éloignées... » (réf : Anciennes constitutions des Maçons Francs et Acceptés). Ainsi on trouve sur nos bancs, dans nos loges, fraternellement unis, des puissants et des simples, des musulmans, des catholiques, des protestants, des juifs... des personnes de toutes couleurs, des hommes de gauche aussi bien que de droite, sous réserve qu'ils ne soient pas membres de partis ou factions extrémistes. Le moins qu'on puisse dire c'est que ce n'est pas le cas de l'église romaine "ECAR" qui, n'étant pas à un (grand) écart près, semble apprécier et fréquenter assidûment, et au grand dam des catholiques modérés parfaitement acquis aux principes républicains et démocratiques, tout ce que la terre compte d'extrémistes, notamment marqués à droite, et même à l'extrême droite, violemment hostiles à ces mêmes principes ainsi qu'aux Droits de l'Homme et ce qui en découle qualifié de "droitdel'hommisme".

Venons-en maintenant au contenu du discours verlindesque :

Toute initiation est une apostasie au moins implicite? S'il est vrai que la maçonnerie est un cheminement initiatique en quoi est-elle une apostasie? Et d'abord qu'est-ce qu'une apostasie? Selon notre Petit Robert, l'apostasie (grec apostasia = abandon) est l'abandon public d'une religion, d'un parti, d'une doctrine pour un (une) autre. Ainsi Calvin ou Luther furent-ils apostats du catholicisme sans qu'ils aient abandonné pour autant la foi en Christ et en Dieu père tout puissant... donc l'affirmation verlindesque est non seulement abusive (confusion entre catholicisme et Christianisme) mais totalement fausse du point de vue de la foi. De plus jamais personne en maçonnerie n'a demandé à un candidat de renoncer à sa foi personnelle dès lors qu'elle est respectueuse de la foi ou des croyances d'autrui.

La maçonnerie est-elle une religion? Non! Elle ne rend de culte à aucun dieu. Mais elle reconnaît et proclame « l'Existence d'un Principe Créateur » sous le nom de Grand Architecte de l'Univers. Et elle laisse à chacun de ses membres le soin de le définir selon son coeur. C'est ainsi que des religieux d'obédiences différentes peuvent cohabiter au sein des loges et s'asseoir au côté de non-croyants.

La maçonnerie est-elle un parti? Non! Ses membres appartiennent à des courants de pensées politiques, économiques, sociaux différents et même parfois opposés (droite, gauche). Mais ce sont de ces oppositions que peuvent parfois naître des idées, propositions, qui seront éventuellement portées dans le débat public ou que les responsables et acteurs économiques et sociaux pourront intégrer dans leur agir.

La maçonnerie est-elle (a-t-elle) une doctrine? Non! La maçonnerie est une pratique, une démarche, un cadre de réflexion(s) dans lesquels l'initié, affranchi des dogmes contraignants, va se perfectionner avec l'aide des autres membres de la loge et contribuer au perfectionnement moral, philosophique et spirituel des autres membres. Ainsi l'initié pourra-t-il rayonner plus efficacement dans le monde, dans la vie de tous les jours. La maçonnerie qui est une voie de recherche spirituelle ne détient aucune vérité, même révélée, ne propose aucun salut, mais pose l'Espérance (différente de l'espoir), la Foi en un Principe Créateur, en l'humanité, en l'homme et la Charité,  au coeur de sa proposition de rassemblement des hommes de bonne volonté.

Ainsi donc tombe de lui-même le procès d'apostasie portée par l'église contre les catholiques s'engageant en maçonnerie.

Le Magistère a toujours condamné l'appartenance à tout mouvement "secret" .../... ». Qu'est ce que le magistère n'a pas condamné de la Gnose à tout ce qui n'est pas la pensée cléricale, du modernisme et de l'humanisme, de la contraception, aux divorcés remariés en passant par l'homosexualité... mais en fermant les yeux sur ses tares internes?

La FM est-elle un mouvement secret? Non! Tout au plus discret. De l'aveu même du Vatican il existe près de 100 000 volumes consacrés à la maçonnerie, et il s'en écrit plus de 100 nouveaux par an, qu'on peut trouver en librairie, le plus souvent entre les rubriques sexualité et religion.

Il existe cependant un « secret maçonnique » qui couvre l'appartenance des membres et qui est la résultante des nombreuses persécutions dont furent l'objet les Francs-Maçons sous de nombreux régimes politiques plus ou moins alliés à la religion. Il existe également dans la nécessaire protection de la fraicheur des différentes étapes de la démarche. Etapes qui doivent se découvrir progressivement et qu'il ne sert à rien, sinon qu'à les affadir, de porter à la connaissance de tous.

Plus important encore existe le vrai « secret maçonnique » qui est incommunicable par le fait même que la démarche maçonnique étant « expérience » est unique pour chaque maçon, qui, la plupart du temps, ne dispose pas des mots pour en rendre compte. Il en est de même pour le moine contemplatif qui vit personnellement la rencontre spirituelle, comme pour le soldat qui vit de manière personnelle l'expérience du feu. En fait la secte romaine, qui n'a rien à rendre à personne en matière de secrets (souvent inavouables), n'a fait qu'ajouter de vagues motifs religieux à des interdits politiques résultants de pouvoirs absolus.

Je regrette qu'un certain nombre de chrétiens se considèrent plus "sages" que le magistère et prétendent associer les deux appartenances. Quand on prend connaissance des termes par lesquels le « magistère » à jugé de la maçonnerie et plus généralement de l'humanisme, du modernisme... on est en droit de se poser la question de la « sagesse » du magistère. Quand on sait qu'un pape comme Pie XII a préféré l'alliance objective avec le nazisme, et sa solution finale, par peur du communisme (il est vrai guère plus recommandable), on est en droit de se poser la question de la « sagesse » de la papauté. Ou quand on se souvient d'un JPII laissant entendre que le préservatif se doit, pour cause de respect de la loi naturelle sur la procréation, mettre à l'index plutôt que là où il faut... permettant ainsi l'explosion de l'épidémie du sida, on est en droit de s'interroger sur la « sagesse » de l'institution cléricale.

De même quand on connaît un peu la succession apostolique des papes romains qui ne firent que s'emparer des ruines et se vêtir des oripeaux de l'empire romain vers le 5ème siècle. Ruines et oripeaux qu'abandonnent en effet volontiers les catholiques devenant Francs-Maçons pour retrouver, dans toute son universelle dimension, le magnifique message du Christ fondé sur la Connaissance (elle rend libre), le partage (il rend égaux), la fraternité (l'humanité ne forme qu'un seul corps qui n'a qu'un seul père). Tout le reste, sous le vocable de « magistère, n'est que l'insondable prétention des hommes, et des institutions, à dire plus de bien, mais surtout plus de droit, que n'en a dit ou fixé Dieu lui-même. Il suffit pour s'en rendre compte de parcourir, même rapidement, le Droit Canonique de l'église romaine.

N'oublions pas que le franc-maçon comme son nom l'indique, prétend se construire (maçon) affranchi (franc) de toute institution - y compris et à commencer par l'institution ecclésiale. Colossale idiotie. Le Franc-Maçon est comme tout homme un citoyen, un chef de famille, un producteur, un consommateur.... dans la cité dont il s'efforce, comme chacun, de respecter les lois. Il n'est donc en rien affranchi des institutions du pays, du monde, dans lequel il vit qu'il s'agisse des institutions civile, sociales ou économiques. Ce n'est en rien un nomade détaché de toute terre. Ce dont s'efforce de s'affranchir le FM c'est des dogmes sclérosants et notamment de ceux de l'institution cléricale.

Ici le moine Verlinde associe dans un même corpus les dogmes de foi (Crédo) et ceux d'appartenance (comme l'infaillibilité papale et magistérale). Si les dogmes de foi sont pour le croyant le socle, le rocher de sa croyance, il en va autrement des dogmes d'appartenance, qui ne sont que des impositions et prétentions cléricales sur la société que la caste religieuse rêve de dominer. Ainsi du fait que le pape s'arroge le droit de juger de tout et de tous sans pouvoir être jugé lui-même. Ainsi de tous les interdits relatifs à la sexualité, à l'appartenance à tel ou tel courant de pensée... Ainsi de textes comme la Doctrine Sociale qui recommande aux pauvres de remercier le ciel et les riches de leurs bienfaits sans être envieux de leurs richesses. Ainsi une récente encyclique du pape Benoît XVI qui se fait ardent propagandiste du Nouvel Ordre Mondial dont il se voit bien, lui ou un de ses successeurs, être l'autorité morale rectrice.

Voir : http://lodgamour.blogspirit.com/archive/2009/07/index.html

"Un Illuminati au Vatican" 

Mais la franc-maçonnerie se félicite elle-même d'avoir été la cheville ouvrière des lois de libéralisation des moeurs qui vont à l'encontre de la morale professée par le christianisme. Si c'est vrai, et c'est loin de l'être, c'est tant mieux. C'est en tous cas préférable à la position de l'église romaine qui n'est que missionnaire en réaction contre tout ce qui est progrès (voir Léon XIII contre l'humanisme ou Ratzinger contre Vatican II). Mais là encore l'abbé Verlinde procède par amalgame en fondant en une même identité catholicisme et Christianisme. Le Christianisme, dans lequel le Christ lui-même refuse toute exclusion, est sans doute aucun la plus belle religion du monde. Ce qui n'est assurément pas le cas du catholicisme qui excommunie à tour de bras et s'est fait, au long des temps, l'allié objectif et souvent actif des pires systèmes de pouvoir. Et cela a commencé avec saint Pierre lui-même, pourtant témoin direct et apôtre du Dieu et de la loi d'amour, condamnant à mort Sophronie et son mari pour avoir conservé pour eux un peu de leurs biens alors qu'ils avaient donné plus que le principal à la communauté. Et nous n'évoquerons que pour le souvenir un saint Paul, ardent persécuteur de Chrétiens, devenu après une chute de cheval, tout aussi ardent propagateur de la rigide et sourcilleuse morale romaine.

Nous ne reprendrons pas pour finir la dernière phrase du moine Verlinde relative aux dogmes, aux rites et au sacerdoce supposés de la FM. Nous en avons dit assez plus haut.

Il est cependant un point sur lequel nous allons nous attarder un moment. En marge de cette discussion entre cathos – au moins traditionalistes – et le moine Verlinde, un des intervenants pseudo nommé « Pneumatis », dont nous ne savons pas s'il tient de la baudruche ou du vent à décoiffer les cornettes, s'est posé, pour cause de mettre, parait-il, les pieds dans le plat suite à une discussion avec un Franc-Maçon, la question de « l'égrégore » (nous supposons en loge).

Le mot égrégore, notons-le au passage, ne figure pas dans notre Encyclopédie Larousse, ni dans notre Petit Robert, semble être une forgerie moderne popularisée par Victor Hugo (voir Wikipédia) et reprise par de nombreux occultistes plus ou moins maçons. Il pourrait avoir pour origine le grec ecclésiastique « egregorios » qui signifie « veilleur ou vigilant ». C'est en tous cas le sens donné par notre dictionnaire Bailly du Grec ancien.

Mais ce mot pourrait également être rapproché de la racine grecque qui a donné le mot « grégaire » et le mot groupe. En effet le mot égrégore ne désigne rien d'autre qu'un effet de groupe qui peut aussi bien se manifester au cours d'une célébration religieuse, que d'un match sportif, que d'une réunion politique et bien sûr maçonnique. Il est cette émotion collective qui saisit les participants et leur donne le sentiment d'appartenance au même groupe fusionnel. Dans certains groupes à vocation spirituelle il peut même être ressenti comme la manifestation d'une présence « Si plusieurs sont réunis en mon Nom je serais parmi eux ». Dans tous les cas il semble contibuer au renforcement des liens internes au groupe.

Il n'est donc pas étonnant, ni contre nature, qu'il puisse se manifester au cours d'une réunion maçonnique où se tiennent des Francs-Maçons, « veilleurs et é-veillants », ouverte et placée en présence du Grand Architecte de l'Univers, devant le livre de la Bible ouvert au Prologue de Jean. Prologue qui commence par ces mots « Au Commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu... ».

Ce moine gourou et son compère pneumatique se seraient-il pris les pieds l'un dans son froc, l'autre dans son tapis de prières?

 

 

15/02/2010

Stigmatisés par la cathoclique

Un (des) Franc(s)-Maçon(s) mis en cause en raison de leur appartenance.

Lu sur le site de l'inénarrable "Cité Catholique" sous le titre "Un Franc-Maçon à la tête de l'UMP" une mise en cause de Mr Xavier Bertrant, président de l'UMP, et de quelques autres membres de la classe politique.

http://www.cite-catholique.org/viewtopic.php?f=94&t=7...

Il ne nous appartient pas de confirmer ou d'infirmer ces appartenances ni de dire notre sympathie ou non à l'égard des personnes ou de ce parti politique.

Qu'on approuve ou non ses orientations en faveur de l'actuel gouvernement, force est de constater que globalement l'UMP, lointain avatar du Gaullisme, qui compte de nombreux catholiques dans ses rangs, appartient à ce qu'il est convenu d'appeler "la droite républicaine", qu'il est favorable à la laîcité, qu'il a approuvé et fait voter les lois relatives à la contraception, à l'IVG, à l'école publique (même si...), à la non discrimination raciale, sexuelle..., à la mise en oeuvre des droits de l'homme....

C'est là pour de nombreux cathos tradis et radicaux crimes abominables qui excommunient absolument leurs auteurs (à force d'excommunications on finira bien un jour de se poser la question de savoir s'il reste encore des membres dans l'église qui se prétend catholique?).

Outre qu'il s'agit là d'ingérence absolument inadmissible dans la vie privée des personnes (les appartenances relevant de la sphère privée) il s'agit aussi d'une infraction punissable par la loi au titre de la dénonciation calomnieuse (intention de nuire) et du non respect de l'article X de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et du Citoyen selon lequel "Nul ne peut être inquiété (ndlr : dénoncé, suspecté, discriminé, stigmatisé...) pour ses opinions, même religieuses (ndlr : associatives, philosophiques...), dès lors qu'elle ne troublent pas l'ordre public".

De plus, à une époque où l'on ne peut manquer de se poser la question de savoir si tel père la vertu, laïc ou de la caste cléricale, n'est pas en train de prêcher après avoir mis sa main aux fesses de sa maîtresse alors qu'il est marié ou voué au célibat et à la chasteté, pire même dans la culotte d'un enfant ou dans son propre slip..., voire même en "amitié particulière"..., il nous paraît plutôt mal venu de mettre en cause, même par sous-entendu, l'intégrité de personnes publiques et responsables politiques, juridiques, économiques... en raison de leur appartenance religieuse, philosophique ou autre parfaitement respectable, supposé et même réelle.

A moins qu'il s'agisse là, de la part de la caste dévote, d'une volonté d'enfumage d'esprits faibles tout prêts à croire et suivre n'importe quel cinglé dès lors que résonne l'ignoble cri maudit de "Dieu le veut". Cri  qui ne peut en aucun cas se comparer à l'humble prière de Jésus lui-même disant dans le "Notre Père" et au Golgotha "Seigneur que ta volonté soit faite".

Au delà des personnes, c'est aussi l'institution maçonnique qui est mise en cause, comme quoi la vielle antienne de la "Synagogue de Satan" (pardon à nos amis Juifs pour cette malheureuse association très "catholique" de leur culte au diviseur) n'est pas morte avec les Barruel, Jouin et autres papes "idiots" selon l'expression même du renégat maçonnique Caillet (voir l'étymologie du mot idiot qui en Grec ancien signifie "ignorant"). Mise en cause qui résulte de la théorie du complot dont l'église romaine a fait ses choux gras depuis Clément XII. Mise en cause qui rejaillit sur les personnes citées et jetant le doute sur l'intégrité de leurs intentions dans la pratique de leur métier public.

Nous passerons sur la somme d'extravagances plus imbéciles les unes que les autres écrites sur ce site par des personnes aux pseudos plus délirants que délirants (Coeurderoy, Armorius, Vobisangélicum qui se prend pour Jeanne d'Arc, Charles qui se prend pour Charles de Foucauld, Polommic qui se prend pour l'Empereur germanique ou le Tsar... et bien d'autres ridicules). Nous ne retiendrons que celles exprimées par un pseudo-nommé "Raitsling" écrivant en réponse à un de nos frères bien connu ici : "Donc la doctrine catholique est tenue comme étant la vérité, et l'idiotie relativiste FM (car le relativisme est une idiotie intellectuelle, c'est facile à démontrer) est une abomination. La FM s'opposant par nature à la découverte de la vérité (puisque niant toute prétention à connaître la vérité), et le Christ ayant dit qu'il était "la Vérité", je vous laisse en tirer les conclusions qui s'imposent".

Mais avant de suivre le conseil donné de tirer les conclusions qui s'imposent on nous permettra un petit détour en forme de retour à l'envoyeur en paraphrasant la proposition ci-dessus : "Donc la doctrine maçonnique est tenue comme une recherche de vérité, et l'idiotie dogmatisante catholique (car le dogmatisme est une idiotie intellectuelle, c'est facile à démontrer) est une abomination. Le catholiscisme s'opposant par nature dogmatique à la découverte de la vérité (puisqu'imposant des vérités toutes faites), et le Christ ayant dit qu'il était "la Vérité"... tirez chers cathoclikeurs les conclusions qui s'imposent". Notamment celle-ci qui est qu'avant d'écrire n'importe quoi il vaut mieux s'assurer que ce qu'on écrit n'est pas réversible.

La réponse de notre frère n'ayant pas été publiée nous en donnerons ici la teneur : Il est évident pour tout le monde que le Christ, et à tout le moins son message, est la Vérité. Mais ainsi que le dit la maçonnerie "Il ne suffit pas d'être mis en présence de la Vérité pour en saisir toute l'étendue". Pour rester simple on peut connaître le modèle, on peut vouloir lui ressembler, mais, dans le cas présent, notre faible nature aidant, il est bien présomptueux de prétendre lui ressembler, d'avoir saisi toute la dimension universelle et de la personne divine et de son message. Comme si on pouvait prétendre tout connaître du soleil parce qu'on a vu briller une ampoule électrique.

Pour preuve a conseillé notre frère : livrez-vous à ce petit exercice de géométrie élémentaire : "Dans un triangle équilatéral (symbolisant le mystère trinitaire) inscrivez par la règle et le compas une étoile à 5 branches égales (symbolisant l'homme) de telle sorte qu'elle soit touchante au triangle par au moins quatre de ses pointes".

Pour être "charitables" à nos lecteurs nous oserons affirmer qu'il n'y a pas de solution absolue à ce problème mais qu'il existe une solution très approchante où les deux pointes horizontales sont (à très peu près) touchantes (mais nous sommes prêts à offir une bouteille de champagne à la première personne nous donnant la solution absolue de ce problème).

Il n'y a donc pas à notre connaissance de solution absolue à ce problème qui touche à un symbole maçonnique bien connu, mais il y a au moins trois enseignements à tirer de cet exercice :

- Le premier fait pièce de l'affirmation cathoclicante papalesque qui dit que : "le maçon est un homme qui prétend se faire dieu lui-même". Affirmation totalement infirmée par notre petit exercice de géométrie qui montre que si l'homme (représenté par l'étoile) peut percevoir quelque chose du mystère divin il est bien incapable d'en saisir totalement et l'esprit et la source (les côtés du triangle) et encore moins la Cause initiale (le sommet du triangle).
- Le second interroge sur le dogme de la double nature divine et humaine de Jésus qui, semble-t-il, n'a été fixé qu'au Concile de Constantinople (553). C'est là un article de foi pure qu'il ne nous appartient pas de discuter.
- Le troisième semble éclaircir la notion de "semblance" de l'homme crée par Dieu (Génèse). Etre "semblable à..." n'implique on le voit ici ni identité ni égalité.

Quand au "relativisme" maçonnique on nous permettra de sourire devant le spectacle d'un pape priant tantôt dans une mosquée, tantôt dans une synagogue ou en parfaite unité avec le Dalaï Lama. Si nous pouvons nous réjouir de voir  ainsi réunis (trop rarement) tous les représentants des cultes... puisqu'aussi bien, la prière des uns valant celle des autres adressées, quoi qu'il en soit, à un Dieu unique dont chacun a une définition différente, on ne pourra nous reprocher d'y voir aussi une "relativisation" des prétentions de l'église romaine à détenir "seule la vérité et à être seule d'inspiration divine"

 

A suivre...

 

05/08/2009

Pour en finir avec la primauté romaine

Le pape est-il successeur de St Pierre?
Le pape est-il infaillible?

Ces deux questions ont-elles un rapport avec l'antimaçonnisme dont la dénonciation est le but de ce blog? La réponse est oui car c'est en vertu de cette infaillibilité supposée - qui fait en matière de foi le pape égal à Dieu - que l'église romaine dite catholique a lancé ses condamnation entraînant derrière elle tout ce que les religions comptent d'ultras. 

On lira donc ici le compte rendu de la vigoureuse protestation que fit un évêque courageux, par ailleurs grand serviteur de son pays, contre la prétention papiste*** au mépris des plus anciennes traditions de l'Eglise, Une, Sainte, Universelle (catholique) et Apostolique qui fut la seule instituée par le fondateur du Christianisme. Protestation d'opposition qui fut faite lors du Concile Vatican I de 1870. Ce prêtre ne fut malheureusement pas suivi et fut contraint, sous la pression de ses pairs, de se renier.

*** Prétention qui est de très loin bien antérieure à la promulgation du dogme en 1870. Elle est, ce que les catholiques romains ignorent généralement, avec l'introduction du "filioque" dans le Crédo Chrétien, une des causes de la séparation de l'Eglise Universelle en églises particulières (romains contre orthodoxes, orientaux... Elle donnera, avec d'autres motifs, naissance au protestantisme). 

Il ressort de ce texte que Pierre ne fut jamais pape et ne prétendit pas à ce rôle. Qu'il ne fut pas à Rome et que les citations que font les cathos-clikeurs de l'Evangile pour justifier la primauté de Pierre sont abusives. A titre d'exemple le mot "Cephas", par lequel Jésus aurait renommé Simon, qu'on dit dérivé de l'Araméen "Kepha" dans le Grec et qu'on traduit par "Pierre" (prénom) n'existe pas dans la langue grecque.

Nos lecteurs jugeront.

DISCOURS DE L’ÉVÊQUE STROSSMAYER
AU CONCILE DU VATICAN I
en 1870
(1)
D ‘après une version italienne parue à Florence(2)


Vénérables pères et frères,

Ce n’est pas sans un tremblement, et cependant avec une conscience libre et tranquille devant Dieu qui vit et qui me voit, que j’ouvre la bouche au milieu de vous dans cette auguste assemblée!

Depuis que je siège ici avec vous, j ‘ai suivi avec attention les discours prononcés dans cette salle, espérant avec un grand désir qu’un rayon d’En-Haut pût illuminer les yeux de mon entendement et me permettre de voter les canons de ce Saint Concile Œcuménique en parfaite connaissance de cause.

L’étude de l’Ancien et du Nouveau Testament.
Pénétré du sentiment de ma responsabilité, dont Dieu me demandera un jour compte, je me suis mis à étudier avec la plus sérieuse attention les écrits de l’Ancien et du Nouveau Testament, et j ‘ai demandé à ces vénérables documents de la Vérité de me faire connaître si le Saint Pontife, qui préside ici, est véritablement le Successeur de Saint Pierre et vicaire de Jésus Christ et le Docteur infaillible de l’Église.

Pour résoudre cette grave question, j ‘ai été obligé d’ignorer l’état présent des choses et de me transporter en esprit, avec la torche évangélique en main, aux jours où il n’y avait ni ultramontanisme(3), ni gallicanisme(4) et dans lesquels l’Eglise avait pour Docteurs: Saint Paul, Saint Pierre, Saint Jean, Saint Jacques, Docteurs auxquels personne ne conteste l’autorité divine, sans mettre en doute ce que la Sainte Bible, qui est devant moi, nous enseigne, et ce que le concile de Trente a proclamé comme règle de foi. J’ai donc ouvert ces pages sacrées. Eh bien, oserai-je vous le dire? Je n’ai trouvé, ni de près, ni de loin, ce qui confirme l’opinion des ultramontains.

Et plus encore, à ma grande surprise, je trouve que dans les jours apostoliques, il n’est pas plus question d’un pape successeur de Saint Pierre et vicaire de Jésus Christ que de Mahomet qui n’existait pas encore. Vous, Monseigneur Manning (5) , direz-vous que je blasphème? Vous? Monseigneur Pie (6) , que je suis fou? Non, je ne blasphème pas et je ne suis pas fou. Seulement, ayant lu le Nouveau Testament en entier... je déclare devant Dieu, avec ma main levée vers ce grand crucifix, que je n’ai trouvé aucune trace de la papauté telle qu’elle existe en ce moment. Ne me refusez pas votre attention, mes vénérables frères, et ne justifiez pas par vos murmures et vos interruptions ceux qui disent, comme le Père Hyacinthe(7), que nos votes ont été depuis le début dictés par l’autorité! Si tel était le cas, cette auguste assemblée, vers laquelle sont tournés les yeux du monde entier, tomberait dans le plus honteux discrédit.

Si nous la voulons grande, nous devons être libres! Je remercie Son Excellence Dupanloup(8) pour son signe d’approbation, cela me donne du courage, et je continue...

Jésus Christ n’a donné aucune autorité à Pierre sur les autres apôtres.

En lisant ainsi les livres sacrés, avec cette attention dont le Seigneur m’a rendu capable, je me trouve pas un seul chapitre, ni un seul verset, dans lesquels Jésus Christ donne à Saint Pierre l’autorité sur les apôtres, ses compagnons d’œuvre.

Si Simon, fils de Jonas, avait été ce que nous croyons qu’est Sa Sainteté Pie IX aujourd’hui, c’est extraordinaire que Jésus ne leur ait pas dit: «Quand je serai monté vers mon Père, vous obéirez tous à Saint Pierre, comme vous m’obéissez. Je l’établis comme vicaire de ma Personne sur la terre».

Non seulement le Seigneur est silencieux sur ce point, mais Il pense si peu à donner un chef à l’Eglise, que lorsqu’Il promet à Ses apôtres qu’ils jugeront les douze tribus d’Israël (Matthieu 19:28), Il fait la promesse aux douze, un pour chaque tribu, sans leur dire: parmi ces trônes, l’un sera plus élevé que les autres: celui qui appartiendra à Saint Pierre! Certainement s’Il avait désiré qu’il en soit ainsi, Il l’aurait dit. Que concluons-nous de cette déclaration?

La logique nous dit: Christ ne désirait pas faire de Saint Pierre le Chef du Collège apostolique.

Quand Christ envoya Ses apôtres à la conquête du monde, Il donna à tous la promesse du Saint Esprit. Permettez-moi de le répéter: s’Il avait désiré constituer Pierre comme vicaire, Il lui aurait donné le plus haut commandement sur Son armée spirituelle. Christ, ainsi dit la Sainte Ecriture, défendit à Pierre et à ses collègues de régner ou d’exercer une souveraineté, d’avoir de l’autorité sur les fidèles comme le font les rois des gentils (Saint Luc 22:25).

Si Saint Pierre avait été élu Pape, Jésus n’aurait pas parlé ainsi, parce que, d’après nos traditions la papauté tient dans ses mains deux épées, symboles du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel.

Une chose m’a beaucoup surpris; en la retournant dans mon esprit, je me dis en moi-même: si Saint Pierre avait été élu pape, est-ce que ses collègues auraient osé l’envoyer à Samarie avec Saint Jean pour annoncer l’Evangile du Fils de Dieu?

Que penseriez-vous, mes vénérables frères, si en ce moment, nous nous permettions d’envoyer Sa Sainteté Pie IX et son Excellence Monseigneur Plantier pour aller vers le patriarche à Constantinople, plaider avec lui, afin de mettre fin au schisme oriental?

Mais il y a encore un fait important: un Concile Œcuménique est réuni à Jérusalem pour décider de questions qui divisent les fidèles. Qui aurait réuni ce Concile, si Saint Pierre avait été pape? Saint Pierre. Qui l’aurait présidé? Saint Pierre ou ses légats. Qui en aurait formé ou promulgué les canons? Saint Pierre. Eh bien, rien de ceci ne s’est passé. L’apôtre assiste au Concile comme tous les apôtres; cependant ce n’est pas lui qui fait le résumé, mais Saint Jacques. Et quand les décrets furent promulgués, ils le furent au nom des apôtres, des anciens et des frères (Aptes 15:28). Plus j‘examine toutes ces choses, ô vénérables frères, plus je suis convaincu que dans les Ecritures le fils de Jonas n’apparaît pas comme le premier.

Saint Paul et les apôtres ne parlent pas de papauté.

De plus, alors que nous enseignons que l’Église est bâtie sur Saint Pierre, Saint Paul (dont l’autorité ne peut être mise en doute) dit, dans son Epître aux Ephésiens (2:20), qu’elle est bâtie sur le fondement des apôtres et prophètes, Jésus Christ étant la principale pierre de l’angle.

Et le même apôtre croit si peu à la supériorité de Saint Pierre, qu’il blâme ceux qui disent: Nous sommes de Paul, nous sommes d’Apollos, comme ceux qui disent: Nous sommes de Pierre (1 Corinthiens 1:12).

Ainsi, si ce dernier apôtre avait été le vicaire de Jésus Christ, Saint Paul aurait pris grand soin de ne pas censurer si violemment ceux qui se réclament de ses collègues.

Le même apôtre, résumant les ministères dans l’Église mentionne: les apôtres, les prophètes, les évangélistes, les docteurs et les pasteurs (1 Corinthiens 12:18).

Pourriez-vous croire, mes vénérables frères, que Saint Paul, le grand apôtre des nations, aurait oublié le premier ce ces ministères, si la papauté avait été une institution divine? Cet oubli me paraît aussi impossible que si un historien de ce Concile devait ne pas mentionner le nom de Sa Sainteté PieIX

(Différentes voix: «Silence hérétique! Silence!»)

Calmez-vous, mes frères, je n’ai pas encore fini; si vous me défendiez de poursuivre, vous agiriez mal à la vue du monde entier, en fermant la bouche au membre le plus humble de cette assemblée.

Je continue. L’apôtre Paul ne fait pas mention de la suprématie de Saint Pierre dans ses lettres aux différentes églises. Si cette primauté avait existé, si en un mot l’Eglise avait dans son corps un chef suprême, infaillible, dans son enseignement, est-ce que le grand apôtre aurait oublié de le mentionner? Que dis-je, il aurait écrit une longue lettre sur ce sujet de première importance. Alors pourquoi le fondement, la clef de voûte a-t-elle été oubliée, quand l’édifice de la doctrine chrétienne était en train de s’ériger?

A moins que vous acceptiez que l’Église des apôtres était hérétique, ce qu’aucun de vous ne voudrait faire ou n’oserait dire. Nous sommes obligés de confesser que l’Eglise n’a jamais été plus belle, plus pure et plus sainte que dans les jours où ii n’y avait pas de pape.

(Cris: «Ce n’est pas vrai! Ce n’est pas vrai!»)

Ne dites pas non, Monseigneur de Lavai, car si l’un de vous, mes vénérables frères, osait dire que l’Eglise qui a aujourd’hui un pape à sa tête a plus de foi, est plus pure dans sa morale que l’Eglise apostolique, qu’il le dise ouvertement, puisque de cette enceinte nos paroles volent d’un pôle à l’autre.

Je continue. Ni dans les écrits de Saint Paul, ni dans ceux de Saint Jacques ou de Saint Jean je n’ai trouvé la moindre trace ou le moindre germe d’autorité papale. Saint Luc, l’historien missionnaire des travaux des apôtres, est silencieux sur ce point si important. Le silence de ces saints hommes dont les écrits font partie du canon des Ecritures divinement inspirées, m’est toujours apparu comme un obstacle insurmontable, comme une impossibilité aussi injustifiable, si Saint Pierre avait été pape, que si Thiers, écrivant l’histoire de Napoléon Bonaparte avait omis le titre d’Empereur.

Je vois ici devant moi un membre de l’assemblée qui dit, en me montrant du doigt: «C’est un évêque schismatique qui a pénétré parmi nous sous de fausses couleurs». — Non, mes vénérables frères, je ne suis pas entré dans cette auguste assemblée comme un voleur, par la fenêtre, mais par la porte; mon titre d’évêque m’en a donné le droit, comme ma conscience de chrétien me force de dire ce que je crois être vrai.

Le silence de Saint Pierre

Ce qui m’a le plus surpris et ce qui a le plus grand poids dans cette démonstration, c’est le silence de Saint Pierre.

Si l’apôtre avait été ce que nous proclamons qu’il fut, c’est-à-dire le vicaire de Jésus Christ sur la terre, il l’aurait sûrement su, et s’il l’avait su, comment peut-il se faire qu’il n’ait jamais agi une seule fois comme un pape? Il aurait pu le faire le jour de la Pentecôte, quand il prononça son premier sermon, et il ne le fit pas, ni dans les deux lettres adressées à l’Eglise. Pouvez-vous imaginer un tel pape, mes frères, si Saint Pierre avait été pape?

Alors si vous voulez maintenir qu’il était le pape, vous devez maintenir aussi comme conséquence naturelle qu’il était ignorant du fait qu’il l’était. Maintenant je demande à quiconque a une tête pour penser et un esprit pour réfléchir: ces deux suppositions sont-elles possibles?

En retournant, comme je l’ai dit, au temps où l’apôtre vivait, l’Église ne pense jamais qu’il pouvait y avoir un pape; pour maintenir le contraire, il faudrait que les Ecrits sacrés aient été rejetés ou soient entièrement ignorés.

Saint Pierre à Rome.

Mais on dit de tous côtés: Est-ce que Saint Pierre n’est pas allé à Rome? Ne fut-il pas crucifié la tête en bas? N’y a-t-il pas dans cette ville éternelle la chaire où il a enseigné? les autels devant lesquels il a dit la messe?

Le fait que Saint Pierre a été à Rome, mes vénérables frères, ne repose que sur la tradition. Mais même s’il avait été évêque de Rome comment pouvez-vous par cet épiscopat prouver sa suprématie? Scaliger(9) , un des hommes les plus érudits, n’a pas hésité à dire que l’épiscopat de Saint Pierre et sa résidence à Rome devaient être classés parmi les légendes ridicules.
(Cris répétés: «Fermez-lui la bouche, fermez-lui la bouche, faites-le descendre de la tribune!»)

Mes vénérables frères, je suis prêt à me taire, mais n’est-ce pas mieux dans une assemblée comme la nôtre, d’éprouver toutes choses et de retenir ce qui est bon! Mes vénérables frères et amis, nous avons un dictateur devant lequel nous devons nous incliner et être silencieux, fût-ce même Sa Sainteté Pie IX: c’est l’histoire. Elle n’est pas semblable à une légende qu’on peut fabriquer, comme le potier pétrit l’argile, mais elle est comme un diamant, qui laisse sur la vitre une trace qui ne peut être effacée.

Jusqu’à présent, je me suis appuyé sur elle, et si je n’ai pas trouvé trace de la papauté aux jours apostoliques, c’est sa faute et non la mienne.

Voulez-vous me placer dans la position de quelqu’un accusé de fausseté? Vous êtes en droit de le faire, si vous le pouvez.

J’entends à ma droite ces paroles: «Tu es Pierre et sur ce roc je bâtirai mon Église» (Matthieu 16:15). Je répondrai à cette objection, mes vénérables frères, mais avant de le faire, je désire présenter le résultat de mes recherches historiques.

Dans les quatre premiers siècles

Ne trouvant pas trace de la papauté aux jours des apôtres, je me dis que je trouverais ce que je cherche dans les annales de l’Eglise. Eh bien je le dis franchement: j’ai cherché un pape dans les quatre premiers siècles et je ne l’ai pas trouvé.

Aucun de vous, je l’espère, ne mettra en doute la grande autorité du saint Évêque d’Hippone: le grand Saint Augustin.(10)


Ce pieux docteur, l’honneur et la gloire de l’Église catholique, était secrétaire au Concile de Milève(11). Dans le début de cette assemblée on trouve des mots significatifs: «Quiconque veut en appeler à ceux qui habitent au-delà de la mer ne sera reçu en communion dans aucune Eglise en Afrique.» Les évêques d’Afrique reconnaissaient si peu l’évêque de Rome, qu’ils frappaient d’excommunication ceux qui voulaient avoir recours à lui.(12)

Ces mêmes évêques au XXe Concile de Carthage, tenu sous Aurelius, évêque de cette cité, écrivaient à Célestin, évêque de Rome(13), pour l’avertir de ne pas recevoir d’appels des évêques, prêtres ou clercs d’Afrique; de ne pas envoyer de légats ou de commissionnaires, et de ne pas introduire la vanité humaine dans l’Eglise.

Le fait que le patriarche de Rome avait essayé, dès les temps anciens d’attirer à lui toute l’autorité, est un fait évident, mais un fait non moins évident, c’est qu’il n’avait pas la suprématie que les Ultramontains lui attribuaient. S’ils l’avaient possédée, est-ce que les évêques d’Afrique, Saint Augustin parmi eux le premier, auraient osé prohiber les appels de leurs décrets à son tribunal suprême?

Je confesse sans difficulté que le patriarche de la Rome ancienne tenait la première place. Une des lois de Justinien disait: «Nous ordonnons, d’après la définition des quatre Conciles, que le saint pape de Rome soit le premier des évêques et le très saint archevêque de Constantinople, qui est la nouvelle Rome soit le second».

Inclinez-vous alors devant la suprématie du pape, me direz-vous. Ne courez pas si vite à cette conclusion, mes vénérables frères, attendez ce que la loi de Justinien a écrit sur ce fait: «Dans l’ordre des sièges des patriarches, la prééminence donnée au primat est une chose, le pouvoir et la juridiction en est une autre».

Par exemple, supposons qu’à Florence il y ait une assemblée de tous les évêques du Royaume, la prééminence serait donnée au primat de Florence, comme parmi les Orientaux, elle serait accordée au patriarche de Constantinople, de même qu’en Angleterre, à l’archevêque de Canterbury. Mais ni le premier, ni le deuxième, ni le troisième n’aurait déduit de la position qui lui est assignée, un droit de juridiction sur ses collègues.

L’importance des évêques de Rome ne procédait pas d’un pouvoir divin mais de l’importance de la ville dans laquelle ils avaient leurs sièges. Monseigneur Darboy(14) n’est pas supérieur en dignité à l’archevêque d’Avignon; mais en dépit de cela, Paris lui donne une considération qu’il n’aurait pas s’il avait son palais au bord du Rhône au lieu de l’avoir au bord de la Seine. Ce qui est vrai dans l’ordre religieux, l’est aussi dans les sujets civils et politiques; le préfet de Rome ne l’est pas davantage que celui qui est à Pise; mais civilement et politiquement il a une plus grande importance;

J’ai dit que dès les premiers siècles, le patriarche de Rome aspirait au gouvernement universel de l ‘Eglise.

Malheureusement il ne fut pas loin d’y arriver, mais il ne réussit pas dans ses prétentions, car l’empereur ThéodoseII fit une loi par laquelle il établit que le patriarche de Constantinople devait avoir la même autorité que celui de Rome (Leg. cod. de sacra., etc.).

Les Pères du Concile de Calcédoine placèrent les évêques de la nouvelle et ancienne Rome sur un pied d’égalité, pour toutes choses, même au point de vue ecclésiastique (Canon 28).

Le VIe Concile de Carthage défendit à tous les évêques de prendre le titre «Évêque UNIVERSEL» ou de «Prince des évêques» ou de «Prince souverain».

Quant au titre d’Évêque UNIVERSEL que les papes prirent ensuite, Saint Grégoire, croyant que ses successeurs ne penseraient jamais à se l’attribuer, écrivit des paroles remarquables: «Aucun de mes prédécesseurs n’ a consenti à prendre ce nom profane, car lorsqu’un patriarche se donne à lui-même le nom d’universel, il en reçoit du discrédit, que les chrétiens s’abstiennent du désir de se donner un titre, eux-mêmes, qui apporte du discrédit sur les frères».

Les paroles de Saint Grégoire sont destinées à ses collègues de Constantinople qui prétendaient être les primats de l’Église.

Le pape Pélage II appelle Jean, évêque de Constantinople, impie et profane parce qu’il aspirait à la plus haute prêtrise. Ne vous souciez pas, disait-il, du titre d’universel que Jean a usurpé illégalement. Qu’aucun des patriarches ne prenne ce nom profane car quel malheur ne devrons-nous pas attendre, si de tels sentiments s’élèvent parmi les prêtres? Ils obtiendraient ce qui leur a été prédit: «Il est le roi des fils de l’orgueil» (Pélagius II, Lettre 13).

Ces autorités (et je pourrais en ajouter une centaine de même valeur), ne prouvent-elles pas avec une clarté égale à la splendeur du soleil à midi, que les premiers évêques de Rome ne furent reconnus que beaucoup plus tard comme évêques universels et chefs de l’Eglise?

D’un autre côté, qui ne sait que depuis l’année 325 dans laquelle fut tenu le premier Concile de Nicée, jusqu’en 580, l’année du deuxième Concile œcuménique de Constantinople, parmi plus de 1109 évêques qui assistèrent aux six premiers Conciles généraux, il n’y eut pas plus de 19 évêques occidentaux? Qui ne sait pas que les Conciles étaient convoqués par les empereurs, sans en informer l’évêque de Rome et souvent contre son désir? Que Hosius, évêque de Cordoue, présida le premier Concile de Nicée et en édita les canons. Le même Hosius présida ensuite le Concile de Serdica(15) en excluant les légats de Jules Ter, évêque de Rome.

Tu es Pierre

Je n’en dis pas plus mes vénérables frères et j’en viens maintenant au grand argument qui a été mentionné auparavant: établir la supériorité de l’évêque de Rome par le roc (pétra (16). Si cela était vrai, la dispute prendrait fin, mais les Pères de l’Eglise ne pensaient pas à ce sujet comme nous le faisons,
— et ils en savaient certainement quelque chose. Saint Cyril dans son quatrième livre sur la Trinité dit: «Je crois que par le roc vous devez comprendre la foi inébranlable des apôtres.»

Saint Hilaire, évêque de Poitiers, dans son deuxième livre sur la Trinité, dit «le roc (pétra) est le seul roc béni de la foi (confessionnelle) confessé par la bouche de Saint Pierre». Et dans le sixième livre sur la Trinité, il dit: «C’est sur ce roc de la confession de foi que l’Eglise est bâtie».

«Dieu, dit Saint Jérôme dans le sixième livre sur Matthieu, a fondé son Église sur le roc et c’est de ce roc que l’apôtre a été nommé».

Après lui, Saint Jean Chrysostôme, dans sa cinquante-troisième homélie sur Saint Matthieu: «Sur ce roc je bâtirai mon Eglise, c’est-à-dire sur la foi de la confession». Alors qu’était la confession de l’apôtre? La voici: «TU ES LE CHRIST, LE FILS DU DIEU VIVANT».

Saint Ambroise, le saint archevêque de Milan (sur le deuxième chapitre des Éphésiens), Saint Basile de Séleucie et les Pères du Concile de Calcédoine enseignent exactement la même chose.

Parmi tous les docteurs de l’antiquité chrétienne, Saint Augustin occupe une des premières places par ses connaissances et sa sainteté. Ecoutez alors ce qu’il écrit dans son deuxième traité sur la première Épître de Saint Jean: «Que signifient ces mot: Je bâtirai mon Église sur ce roc? Sur cette foi, sur celle qui dit: Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant». Dans son cent vingt-quatrième traité sur Saint Jean, nous trouvons cette phrase significative: «Sur ce roc, que tu as confessé, je bâtirai Mon Eglise puisque Christ était le roc».

Le grand évêque croyait si peu que l’Église était bâtie sur Saint Pierre qu’il dit à ses auditeurs dans son treizième sermon: «Tu es Pierre, et sur ce roc (pétra) que tu as confessé, sur ce roc que tu as reconnu en disant: Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant, sur ce roc Je bâtirai mon Eglise, Je la bâtirai sur Moi-même qui suis le Fils du Dieu vivant, Je la construirai sur Moi et non sur toi».

Ce que pensait Saint Augustin sur ce passage célèbre était l’opinion de la chrétienté de son temps. Par conséquent, j ‘affirme en résumé que:
1 — Jésus a donné à Ses apôtres les mêmes pouvoirs qu’Il a donnés à Saint Pierre.

2— Les apôtres n’ont jamais reconnu en Saint Pierre le vicaire de Jésus Christ et le docteur infaillible de l’Église.

3 — Saint Pierre n’a jamais eu le sentiment d’être pape et il n’a jamais agi comme s’il l’était.

4— Les Conciles des quatre premiers siècles, malgré qu’ils reconnurent la haute position qu’occupait dans l’Église l’évêque de Rome à cause de l’importance de cette ville, ne lui confèrent seulement qu’une prééminence honorifique, mais jamais d’autorité et de juridiction.

5 — Les saints Pères n’interprétèrent jamais le fameux passage (Tu es Pierre et sur ce roc je bâtirai mon Église) comme signifiant que l’Église était édifiée sur Saint Pierre (super Petrum), mais sur le roc (super petram), c’est-à-dire sur la confession de foi de l’apôtre.

J’en conclus victorieusement, avec l’aide de l’histoire, de la logique, de la raison, du bon sens, et avec une conscience chrétienne, que Jésus n’a accordé aucune suprématie à Saint Pierre, et que les évêques de Rome ne sont devenus les souverains de l’Eglise qu’en confisquant un à un les droits de l’épiscopat.

(Voix: «Silence, protestant éhonté!»)
— Non, je ne suis pas un protestant éhonté. L’histoire n’est ni catholique, ni anglicane, ni calviniste, ni luthérienne, ni schismatique grecque, ni ultramontaine. Elle est ce qu’elle est, c’est-à-dire quelque chose de plus fort que toutes les confessions de foi, que tous les Canons des Conciles Œcuméniques.

Vous pouvez écrire contre elle, si vous l’osez, mais vous ne pouvez pas plus la détruire que vous ne pourriez faire tomber le Colisée en en retirant une brique.

Si j’ai dit quelque chose qui soit contraire à l’histoire, prouvez-le moi par l’histoire, etje n’hésiterai pas un instant à faire amende honorable; mais soyez patients, et vous verrez que je n’ai pas dit tout ce que j’aurais voulu ou pu dire, car je suis obligé de continuer etje ne garderai pas le silence, même si le bûcher m’attendait sur la place de Saint Pierre.

Mgr Dupanloup dans ses célèbres Observations sur le concile du Vatican a dit, et avec raison, que si nous proclamions l’infaillibilité de Pie IX, la logique nous obligerait à considérer comme infaillibles tous ses prédécesseurs.

Erreurs et contradictions des Papes.

Eh bien! vénérables frères, ici l’histoire fait entendre sa voix avec autorité pour nous convaincre qu’il y a des papes qui ont commis des fautes.

Vous pouvez, à votre gré, protester contre ce fait. On ne peut le nier, mais je prouverai:

— Le pape Victor (189-198) approuva d’abord le montanisme et ensuite le condamna.

— Marcellin (296-3 04) fut un idolâtre. Il entra dans le temple de Vesta et offrit de l’encens à cette déesse. Vous direz que ce fut un acte de faiblesse, mais je déclare qu’<<un vicaire de Jésus Christ PREFERE MOURIR QUE D’APOSTASIER».

— Libère (352-356) approuva la condamnation d’Athanase et fit une profession d’arianisme, afin d’être rappelé de son exil (358) et de recouvrer un siège.

— Honorius (625-63 8) adhère au monothélisme; le Père Gratry l’a prouvé jusqu’à l’évidence.

— Grégoire 1(590-604) déclare que: quiconque aurait pris le titre d’évêque universel était un anti-christ et, par contre

— Boniface III(607) s’est fait accorder ce titre par l’empereur parricide Phocas.

— Pascal II(1099-1118) et Eugène 111(1145-1153) autorisèrent le duel.

—Jules II(1503-15 13) et Pie IV(1559-15665) le défendirent.

— Eugène IV (1431-1447) approuva le Concile de Bâle et la restitution du calice à l’Église de Bohême.

— Pie II(1458-1464) révoque la concession.

— Adrien II (867-872) déclare valides les mariages civils.

—Pie VII(1800-1823) les condamna.

— Sixte V (1585-1590) fit publier une édition de la Bible en en recommandant la lecture par une bulle.

Pie VII condamna cette lecture.

— Clément XIV (1769-1774) abolit l’ordre des Jésuites qui avait été permis par Paul III et Pie VII le rétablit.

Mais pourquoi aller chercher des preuves si loin?

Est-ce que notre Saint Père ici présent n’a pas dans sa bulle par laquelle il a donné les directions pour ce Concile dans le cas où il viendrait à mourir, avant qu’il ait pris fin, révoqué tout ce qui du passé pourrait lui être contraire, y compris ce qui procède des décisions de ses prédécesseurs? Et il est certain que si Pie IX a parlé ex cathedra il ne le fait pas lorsque des profondeurs de son sépulcre il impose sa volonté aux souverains de l’Eglise.

Je n’en finirais plus, mes vénérables frères, si je devais placer devant vos yeux les contradictions des papes dans leurs enseignements.

Si donc vous proclamez l’infaillibilité du présent pape, vous devez soit prouver, ce qui est impossible, que les papes ne se sont jamais contredits les uns les autres, ou bien vous devez déclarer que le Saint Esprit vous a révélé, à vous personnellement, que l’infaillibilité du pape date seulement de 1870. Etes-vous assez téméraire pour le faire?

Il se peut que le peuple soit indifférent, et passe par dessus des questions théologiques qu’il ne comprend pas et dont il ne voit pas l’importance; mais s’il est indifférent quant aux principes, il ne l’est pas quant aux faits. Par conséquent, ne vous trompez pas; si vous décrétez le dogme de l’infaillibilité papale, les protestants qui sont nos adversaires, entreront d’autant plus courageusement par la brèche, qu’ils ont l’histoire de leur côté, pendant que nous, nous n’avons que la négation à leur opposer. Que pourrons-nous leur dire quand ils nous exposeront ce qu’ont été tous les évêques de Rome depuis les jours de Luc jusqu’à sa sainteté Pie IX? Ah! s’ils avaient été tous comme Pie IX, nous serions vainqueurs sur toute la ligne, mais hélas il n’en est rien.

(Cris: «Silence, silence, assez, assez»).

Ne criez pas Messeigneurs! Craindre l’histoire, c’est se reconnaître vaincus. D’ailleurs, même si vous pouviez faire passer sur elle toute l’eau du Tibre, vous ne pourriez pas en effacer une seule page. Laissez-moi parler, et je serai aussi bref que possible, sur ce sujet si important.

— Le pape Virgile (537-555) acheta le siège pontifical de Bélisaire, lieutenant de l’empereur Justinien. C’est vrai qu’il rompit la promesse et qu’il ne donna jamais la somme promise. Est-ce là une façon canonique de mettre la tiare? Le second Concile de Calcédoine l’a formellement condamné. Dans un de ses canons, on peut lire: «L’évêque qui obtient l’épiscopat au moyen d’argent le perdra et sera dégradé».

— Le pape Eugène III (17) (1145-53) imita Virgile. Saint Bernard qui a brillé comme une étoile dans le firmament de cette époque, a désapprouvé le pape et lui a dit: «Peux-u montrer quelqu’un dans cette ville de Rome qui te reconnaisse comme pape s’il n’ avait pas reçu pour cela de l’argent, de l’or?» Mes vénérables frères, un pape qui établit une banque à la porte du temple est-il inspiré par le Saint Esprit? A-t-il le moindre droit à enseigner l’Eglise infailliblement?

Vous connaissez très bien l’histoire de Formose (891-896) pour qu’il ne soit pas nécessaire que je m’ étende.

Étienne VI (896-897) fit déterrer le Corps du pape Formose vêtu de ses habits pontificaux pour lui faire son procès, et lui fit ensuite couper les doigts dont il s’était servi pour donner la bénédiction et il le fit ensuite jeter dans le Tibre, en déclarant qu’il avait été un pape parjure et illégitime. Etienne VI fut ensuite jeté en prison par le peuple qui l’empoisonna et l’étrangla.

Rappelez-vous comment cette histoire se termina.

— Romain, successeur d’Ètienne, et après lui Jean IX réhabilita la mémoire de Formose.

Mais vous me direz que ce sont là des fables et non de l’histoire! Des fables! Allez, Messeigneurs dans la bibliothèque du Vatican et lisez Platina(18), l’historien de la papauté et les annales de Baronius (19) (A.D. 897). Ce sont là des faits, que pour l’honneur du Saint Siège nous voudrions ignorer mais quand il s’agit de définir un dogme qui peut provoquer un grand schisme parmi nous, l’amour que nous portons à notre vénérable Mère, l’Eglise Catholique, apostolique et romaine, doit-il nous imposer le silence?

Les péchés des papes et leurs excès.

Je continue. L’érudit cardinal Baronius, en parlant de la cour papale dit (prêtez attention, mes vénérables frères à ces paroles):«Comment se présentait l’Eglise romaine dans ce temps-là? Sous des traits inrames! A Rome, ne gouvernaient que de toutes puissantes courtisanes. Ce sont ces dernières qui donnaient, échangeaient, et s’appropriaient des évêchés, et, horrible à dire, elles firent installer sur le trône de Saint Pierre leurs amants, les faux papes». (Baronius A.D. 912)

Vous répondrez que c’étaient là des faux papes et non des vrais. Admettons cela, mais dans ce cas, si pendant 50 ans le siège de Rome fut occupé par des antipapes, comment ferez-vous renouer le fil de la succession apostolique? L’Eglise a-t-elle pu aller de l’avant, au moins pendant un siècle et demi, sans chef, donc acéphale?

Maintenant, considérez que le plus grand nombre de ces antipapes sont placés dans l’arbre généalogique de la papauté; et c’est cette absurdité que Baronius a décrite car Genebrardo, le grand adulateur des papes, n’a pas craint de dire dans ses chroniques (A.D. 901): «Ce siècle est infortuné, car depuis près de 150 ans, les papes sont déchus de toutes les vertus de leurs prédécesseurs, et sont devenus apostats plutôt qu’apôtres». Je comprends sans peine comment l’illustre Baronius doit avoir rougi en racontant les actes de ces évêques romains.(20)

En parlant de Jean XI (931-936) fils naturel du pape Serge III et de Marozia(21), il écrivit ces paroles:
«La sainte Eglise, c’est-à-dire, l’Eglise romaine, a été lâchement piétinée par un tel monstre».

Jean XII (955-963) élu pape à l’âge de 18 ans, sous l’influence de courtisans, ne fut pas du tout meilleur que son prédécesseur(22).

Cela m’afflige, mes vénérables frères de remuer tant de pourriture. Je me tais sur Alexandre VI, père et amant de Lucrèce, je passe à côté de Jean XXII(23) qui nia l’immortalité de l’âme, de Jean XXIII(24) qui fut déposé par le Concile Œcuménique de Constance. Certains diront que ce Concile n’était qu’un concile à caractère privé; soit, mais si vous refusez toute autorité à ce Concile, logiquement vous devez tenir la nomination de Martin V (1417-143 1) comme illégale. Dans ce cas, qu’adviendra-t-il de la succession apostolique? Pouvez-vous en retrouver le fil?

Je ne parle pas des schismes qui ont déshonoré l’Église. Dans ces tristes jours, le siège de Rome était occupé par deux rivaux et parfois par trois. Lequel de ceux-ci était le vrai pape?


Je me résume de nouveau, et je dis encore une fois, que si vous décrétez l’infaillibilité de l’évêque de Rome, vous devez établir l’infaillibilité de tous ses prédécesseurs, sans en oublier et exempter un seul, mais pouvez-vous faire cela quand l’histoire est là pour affirmer, avec un éclat qui n’a d’égal que celui du soleil, que les papes se sont trompés dans leurs enseignements?

Pourriez-vous faire cela et maintenir que les papes avares, incestueux, menteurs, meurtriers, simoniaques, ont été des vicaires de Jésus Christ? Oh! mes vénérables frères, on ne peut maintenir une pareille énormité sans trahir Jésus Christ, pire que ne l’a fait Judas, sans Lui jeter de la boue à la face.

(Cris: «Descendez de la chaire! fermez la bouche à l’hérétique!»)

Retournons aux Saintes Écritures

Mes vénérables frères, vous criez, mais ne serait-ce pas plus digne de peser mes raisons et mes preuves à la balance du sanctuaire? Croyez-moi, l’histoire ne peut être refaite, elle est là, elle restera là et elle restera là toute l’éternité, pour protester avec force contre le dogme de l’infaillibilité. Vous pouvez le proclamer à l’unanimité, mais il vous manquera une voix, et c’est la mienne!

Les vrais fidèles, Messeigneurs, ont les yeux fixés sur nous, attendant de nous un remède aux maux innombrables qui déshonorent l’ Eglise. Allez-vous décevoir leurs espérances?

Quelle ne sera pas notre responsabilité devant Dieu, si nous laissons passer cette occasion solennelle que Dieu nous a donnée pour guérir la vraie foi? Saisissons-la mes frères, armons-nous d’un saint courage, faisons un violent et courageux effort, retournons à l’enseignement des apôtres, étant donné qu’en dehors de cet enseignement, nous n’avons qu’erreurs et fausses traditions.

Servons-nous de notre raison et de notre intelligence pour prendre les apôtres et les prophètes comme nos seuls maîtres infaillibles concernant la question des questions: «Que dois-je faire pour être sauvé?»

Quand nous aurons réglé cette question, nous aurons posé le fondement de notre système dogmatique sur le rocher ferme, inébranlable, durable et incorruptible des Ecritures divinement inspirées. Alors nous irons pleins de confiance devant le monde et, à l’exemple de l’apôtre Paul, en présence des libre-penseurs, nous ne voudrons savoir autre chose que «Jésus Christ et Jésus Christ crucifié». Nous irons à la conquête par la prédication de la «folie de la croix» comme Paul a conquis les savants de Grèce et de Rome, et l’Eglise romaine aura son glorieux 89.

(Clameurs et cris: «Descendez, chassez ce protestant, ce calviniste, ce traître de l’Église!»)

Vos cris, Messeigneurs, ne m’épouvantent pas. Si mes paroles sont brûlantes, ma tête est froide.

Je ne suis ni de Luther, ni de Calvin, ni de Paul, ni d’Appolos, mais de Christ.

(Cris renouvelés: «Anathème, anathème à l’apostat»).

Anathème? Messeigneurs, anathème? Vous savez bien que vous ne protestez pas contre moi, mais contre les saints apôtres, sous la protection desquels j ‘aimerais que ce Concile place l’Eglise. Ah! s’ils sortaient de leurs tombes, couverts de leurs linceuls, parleraient-ils un langage différent du mien? Que leur répondriez-vous, quand par leurs écrits ils vous diraient que la papauté s’est éloignée de l’Evangile du Fils de Dieu, qu’ils ont prêché et confirmé d’une façon si généreuse par leur sang? Auriez-vous le courage de leur dire: «Nous préférons l’enseignement de nos papes, de Bellarmin(25), d’Ignace de Loyola(26) au votre»? Non, non, mille fois non, a moins que vous ayez fermé vos oreilles pour ne plus entendre, vos yeux pour ne plus voir et que vous n’ayez atrophié votre intelligence pour ne plus comprendre.

Ah! si Celui qui règne en haut désire nous punir en faisant descendre Sa main lourdement sur nous, comme Il le fit pour le Pharaon, Il n’a pas besoin des soldats de Garibaldi pour nous chasser de la ville éternelle, Il n’a qu’à nous permettre de faire un dieu de Pie IX, comme nous avons fait une déesse de la Sainte Vierge.

Arrêtez-vous, arrêtez-vous! sur la pente odieuse et ridicule sur laquelle vous êtes placés. Sauvez l’Église du naufrage qui la menace, cherchant dans les seules Écritures la règle de foi que nous devrions croire et pratiquer.

J’ai parlé. Que Dieu me soit en aide!

Notes

1 Josip Juraj STROSSMAYER né à Osijek en 1815, ordonné prêtre en 1838, nommé professeur de Droit Canon à Vienne en 1847, devient évêque de Djakovo en 1850, décédé à Djakovo en 1905.

2. Le texte de ce discours, apparemment pris en sténographie, comportait quelques erreurs de références et quelques fautes d’orthographe dans les noms propres. Au cas où il en resterait qui nous auraient échappé, nous vous serions reconnaissant de nous les signaler.

3 Ultramontanisme: mouvement qui prônait la centralisation des pouvoir spirituels et temporels dans les mains du pape.
Ce courant triompha avec le Concile de Vatican I en 1870.

4 Gallicanisme: affirmation que le pouvoir temporel est indépendant de la juridiction du pape.

5 Henry Edward Manning (1808-1892) archevêque de Westminster à partir de 1865.

6 Louis Pie, 1815-1880, évêque de Poitiers ultramontain devint cardinal en 1879.

7 Charles Loyson dit le Père Hyacinthe (1827-19 12).

8 Félix Dupanloup, 1802-1878, évêque d’Orléans

9 . Joseph Juste Scaliger, humaniste, 1540-1609.

10. Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (l’actuelle Bône en Algérie) de 396 à sa mort, le plus célèbre des Pères de l’église latine.

11. 402.

12. Voir aussi les canons 11 du XIe Concile de Carthage, 17 et 28 du XVIe Concile de Carthage. Un certain Apiarius excommunié en Afrique en avait appelé au pape qui par son légat Faustin exigeait qu’il soit réadmis. Les pères d’Afrique avaient refusé en déniant tout autorité à Rome pour s’ingérer dans cette affaire.

13. Célestin 1er 422-432.

14. Georges Darboy (1813-1871), archevêque de Paris, opposé à l’infaillibilité pontificale au Concile de Vatican I, otage
de la Commune, il en fut l’une des plus illustres victimes.

15. en 343. Serdica, en latin Sardica, l’actuelle Sofia.

16. le passage de Matthieu 16:18 emploie deux mots grecs différents souvent traduits, à tort, par le seul mot «pierre». Il est écrit: «Je te dis que tu es Pierre (petros); et sur ce roc (petra) je bâtirai mon église». Le mot «petros» désigne une pierre que l’on peut soulever ou lancer à la main (cf. 2 Macc. 1:16 et 4:4 1), le mot «petra» désigne un roc, un rocher (cf. Matt. 7:24 & 25, Malt. 27:51 &60, etc.). Le père jésuite F.Zorell le reconnaît dans son «Lexicon Grœcum Novi Testamenti», où nous trouvons: «Petra: rupes, petra, saxum et quidem, in oppositione ad «petros» quod significat saxum a monte vel solo solutum, lapidem magnum, sed tantum ut adhuc levari manuque proj ici possit)», c’est à dire: «Petra: rocher, roc, roche et ceci en opposition à «petros» qui signifie rocher arraché à une montagne ou au sol, grosse pierre mais qui peut être néanmoinS soulevée et lancée à la main».

17. (IV originairement)

18. Bartolomeo Sacchi dit il Platina (142l-148l)~ humaniste devint bibliothécaire du Vatican en 1478, il publia une histoire des papes en 1479.

19. Cesare Baronius ou BarofliO (1538-16O7) Cardinal et historien. Disciple de Saint Philippe Néri, confesseur du pape Clément VIII, protoflotaire apostolique cardinal (1596) et bibliothécaire de la Vaticane (1597).

20. Baronius a appelé la période qui va des règnes de Serge III à celle de Jean XI: la «pornocratie».

21. Marozia (892-93 7) fille de Théophylacte et de Théodora (qui mit sur le trône pontifical Serge III) épouse en 905 Albéric 1er marquis de Spolète, devint la maîtresse de Serge III dont elle eut un fils qu’elle fit plus tard élire pape sous le nom de Jean XI. Elle épousa par la suite Gui de Toscane puis Hugues de Provence; Elle fit et défit les papes pendant des années faisant emprisonner et assassiner Jean X, et probablement aussi Léon VI et Etienne VII.

22. Jean XII (955-964) petit-fils de Marozia et fils d’Albéric II de Spolète. Connu pour ses débauches il mourut des suites de la correction que lui infligea un mari qui l’avait trouvé dans le lit de sa femme.

23. Jean XXII régna de 1316 à 1334. Célèbre pour avoir fait faire par l’Inquisition un procès contre Maître Eckart. Il mourut alors qu’un procès pour hérésie lui était intenté.

24. Jean XXIII régna de 1410 à 1415 date à laquelle il fut déposé par le Concile de Constance et remplacé par Martin V qui le nomma cardinal-évêque de Tusculum. Sa tombe, dans le baptistère de Florence, porte l’insigne papal. Aujourd’hui, dans l’église romaine, il n’est plus compté dans la liste officielle des papes.

25. Bellarmin, en italien Roberto Bellarmino (1542-1621) Théologien célèbre entre autre pour ses écrits et aussi pour sa condamnation de Galilée, il fut canonisé en 1930 et mis au rang des docteurs de l’église romaine.

26. Ignace de Loyola (1491-1556) fondateur de l’ordre des Jésuites, canonisé en 1622.

Source : http://bible.free.fr/histoire/strossma.pdf

 

27/07/2009

On croît rêver...???

Sous la plume du père Sale, dans la revue des Jésuites de Rome "La Civiltà Cattolica" qui, soulignons-le, n'est publiée qu'après contrôle et approbation des services du Vatican, on peut lire ceci à propos de l'éventuelle évolution du monde musulman vers la démocratie :

"L’Islam et la démocratie peuvent devenir compatibles à condition que l’élément religieux, avec toute sa richesse de contenus et d’expériences, serve de simple point de référence éthique et moral à l'action de l'interprète de la science sociale, sans prétendre dicter des normes à l’Etat et à la politique".

Source : http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1339523?fr=y

On croit rêver car c'est précisément ce que prétendent imposer le pape et la hiérarchie catholique au monde occidental et que nous avons soulignés dans notre note consacrée à l'encyclique "Caritas in Veritate" (Benoît XVI - Un Illuminati au Vatican???***). Ne pas être un simple point de référence éthique et morale, dicter des normes à l'état et à la politique devant être référés au magistère ecclésial et à la loi divine selon l'église romaine.

D'un côté pour s'attacher la sympathie du monde musulman - croyants de tous pays unissez-vous sous ma bannière - on prône sans dire le mot la laïcité de l'état - alors qu'on la fait combattre violemment par tous les thuriféraires papolâtres que compte l'occident.

Si elle venait à se produire l'alliance de la crosse et de la queue de cheval pourrait bien mettre à mal nos liberté et la LIBERTE. 

*** http://lodgamour.blogspirit.com/archive/2009/07/24/benoit...